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Auteurs / Autrices :
Directeur(s) / Directrice(s) de l'ouvrage :
X. Bourdenet et F. Naugrette
Editeur :
Publications numériques du Centre d’études et de recherche Éditer/Interpréter de l’université de Rouen, n°14
Année :
2015
Revue, Collection, Ouvrage collectif :
Mérimée et le théâtre
Type de production :
Article dans les actes d'un colloque
n° ISBN (ou ISSN) :
1775-4054
couverture

La genèse, la diffusion et la réception du Théâtre de Clara Gazul et de La Jaquerie sont intimement liées aux cercles libéraux qui définissent et illustrent un romantisme conçu aux antipodes de celui, royaliste et tenté par l’éloquence, des Chateaubriand, Lamartine et même Hugo. Mérimée est ainsi l’un des piliers du « grenier » d’Étienne Delécluze qui rassemble tout ce qui compte dans le milieu intellectuel libéral aux alentours de 1825 et qui s’emploie activement à définir et promouvoir le romantisme (même si Delécluze lui-même n’y est pas tout uniment favorable). Stendhal y fréquente, qui vient de publier la deuxième version de Racine et Shakespeare (1825), où il définit le « romanticisme » comme une littérature adaptée à son temps, appelle de ses vœux une tragédie nationale en prose qui prenne à bras le corps la question de l’Histoire et enterre les conventions sclérosées du classicisme. On y croise encore le fondateur – P. F. Dubois – et plusieurs rédacteurs du Globe, organe libéral qui bataille pour un certain romantisme en soutenant par exemple activement l’entreprise nouvelle des « scènes historiques » illustrée par Ludovic Vitet (qui compte parmi les rédacteurs du journal, parmi les habitués du grenier de Delécluze et qui sera bientôt, avant Mérimée, inspecteur général des monuments historiques). S’y rencontre également Sautelet, l’éditeur des romantiques. C’est dans ce milieu que naît le Théâtre de Clara Gazul, qui est, même si c’est de loin, inspiré des principes du Racine et Shakespeare, lu et commenté comme tentative « romantique » dans le grenier de Delécluze, édité par Sautelet et soutenu par le Globe ainsi que par Stendhal dans ses chroniques pour l’Angleterre. Le théâtre mériméen est donc bien, à ses débuts, arme dans le combat romantique libéral. Le contexte éditorial du Théâtre de Clara Gazul, étudié ici par Barbara Dimopoulou, qui revient sur le parcours et les choix du libraire Sautelet au cœur de ce réseau, suffit à classer idéologiquement et politiquement le (premier) théâtre de Mérimée. (p. 7-8)