- Christian Garcin
- Stylistique
- Littérature française XXe siècle
- Phrase
Résumé :
Christian Garcin écrit-il bien ? Cette question peut paraître inutilement provocatrice. Répondre oui, c’est émettre un avis subjectif ; répondre non, c’est être à la fois subjectif et déplaisant. La question nous retient parce qu’elle est doublement problématique. D’une part, que signifie écrire bien ? Et d’autre part : de quel Christian Garcin parlons-nous ? Autrement dit, existe-t-il un écrivain nommé Christian Garcin doté d’un style unique, ne changeant pas plus de style qu’il ne change de nom ? Ou faut-il faire sa part à des évolutions, à des variations liées aux différents genres qu’il pratique ? Ces questions paraissent insolubles, dès lors qu’on n’a pas fait l’effort d’analyse scientifique qui permet de les résoudre1. Dans un premier temps, indispensable, il nous faudra spécifier le sens que nous donnons au problème que nous posons ; cela implique un effort de clarification méthodologique. Dans un second temps, nous attacherons à Vidas, paru en 1993, chez Gallimard. Ce texte marque, à notre connaissance, l’entrée de Garcin sur la scène littéraire. Nous verrons que l’écrivain y manifeste sa maîtrise stylistique en optant pour une poétique classique, expression qui appelle bien sûr une définition rigoureuse. Nous montrerons ensuite que cette poétique, malgré sa perfection formelle, présente un écueil majeur, qui ne lui permet pas d’être employée telle quelle dans le roman. C’est pourquoi nous examinerons un roman de la maturité, Selon Vincent, publié en 2014 aux éditions Stock. Nous verrons que le style de Vidas est en partie repris mais renouvelé pour rejoindre les exigences d’un canon stylistique propre au roman, plus polyphonique. Nous ne chercherons pas à montrer en quoi le style de Garcin est original ou singulier mais au contraire en quoi il est typique d’un certain rapport à la question du style, ce qui, on le verra, n’empêche nullement de prendre en compte les spécificités de son écriture.