Le récit de voyage comme compte rendu d’une expérience de l’Autre et de l’ailleurs pose le problème à la fois des capacités d’appréhension et des moyens de construction de cette altérité. Le voyageur ou la voyageuse est cette figure paradoxale qui se fait l’intermédiaire entre deux mondes : au coeur des récits de voyage, dans les descriptions comme dans la narration, se trouve cette tension constante vers l’expression du nouveau ou du différent qui, toutefois, passe généralement par le recours à des outils linguistiques et culturels familiers. En cela, l’écriture et le récit viatiques sont souvent plus révélateurs de l’identité des voyageurs, des voyageuses et de leurs destinataires que des altérités que l’ailleurs embrasse et incarne dans leurs textes.
Étudier d’un point de vue stylistique, culturel et politique les récits de voyage permet d’analyser ces assignations à l’altérité. Il s’agit de fournir des clés de lecture sur la négociation, dans les textes, des enjeux que les modalités discursives et idéologiques de ces constructions recoupent. La prise en compte d’un vaste corpus allant du Moyen Âge à l’époque contemporaine amène à questionner ces mises en altérité dans un temps long et à identifier la manière dont elles évoluent, se consolident ou volent en éclats à travers les siècles. L’hybridité même des ouvrages étudiés invite à une approche interdisciplinaire mêlant littérature, histoire littéraire, stylistique, histoire des idées et des représentations voire, dans le dernier chapitre, analyse audiovisuelle.
Le ch. 6 s'intéresse aux devenirs de l'exotisme et du contre-exotisme au XXe siècle, questionnant l'abord du Divers (Segalen, Glissant), la relation coloniale (Gide, Maran, Londres), le récit ethnologique (Lévi-Strauss, Malaurie, Balandier...) et les figures d'écrivains-voyageurs (Bouvier, Valabrègue...).
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