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Héritier de l’ancien axe Critique et théorie (2018-2022), l’axe 5 du CIELAM, l'axe Φ. Perspectives critiques, humanités numériques et intermédialités, se propose de rassembler, de promouvoir et de développer au sein du laboratoire les réflexions et les projets menés dans le souci de questionner les frontières de notre discipline et d’expérimenter toutes les approches transversales susceptibles d’en renouveler les contenus, la méthodologie et l’outillage technique, dans le souci d’articuler l’étude des corpus littéraires et artistiques patrimoniaux aux questionnements politiques, sociaux et philosophiques contemporains.

L’étude de la littérature se répartit sans doute d’abord en l’explicitation d’un contexte (l’histoire littéraire) et l’analyse formelle des contenus (rhétorique et stylistique). Mais la notion même de littérature, le champ qu’elle délimite dans les sciences humaines, relèvent d’une généalogie qui est liée à la philosophie. Cette histoire commence entre la France et l’Allemagne au tournant du XVIIIe et du XIXe siècles ; elle est inséparable de l’essor de l’idéalisme allemand, c’est-à-dire d’une pensée philosophique de la totalité (Lacoue-Labarthe et Nancy, 1978), elle-même issue de la critique kantienne et des Lumières conçues comme siècle de la critique (Koselleck, 1979). Sa postérité contemporaine s’est déployée dans la French Theory, et dans le nouveau compagnonnage que celle-ci a initié entre littérature, philosophie et psychanalyse.

Depuis ce point d’entrée que constitue l’émergence européenne du champ littéraire au crépuscule des Lumières (Bourdieu, 1992), il s’agit dans un double mouvement de faire retour vers les siècles antérieurs et de se projeter vers les interrogations les plus contemporaines. Sont en jeu, l’articulation médiévale entre poésie et philosophie, la pensée humaniste, qui est à la fois une philologie et un engagement, le combat des Lumières, le devenir du champ littéraire constitué au XIXe siècle et son éclatement dans une série de coopérations limitrophes : littérature et image, littérature et chanson, littérature et théâtre, littérature et droit.

L’axe Φ explore ces questions à partir des projets et programmes suivants :

5.1. Perspectives théoriques

5.1.1. French Theory (resp. Francesca Manzari et Stéphane Lojkine)

Ce programme est ancien au CIELAM (Université d’été La Théorie aujourd’hui, 2014), dont il constitue un des éléments les plus originaux, dans un contexte national et international marqué par un fort recul du questionnement théorique dans le domaine des lettres. Il s’est structuré autour de l’étude de Derrida, en suivant notamment la publication de ses séminaires (notamment La vie la mort, 2019, et Hospitalité, 2021) et en étudiant les enjeux et les répercussions littéraires de son questionnement philosophique. Le travail se développe dans les séminaires et avec les étudiants du master LIPS (séminaire d’initiation à la French Theory, séminaire « Littérature et Psychanalyse ») et a donné lieu à plusieurs colloques (« L’amitié, entre retrait et politique », 2018 ; « Derrida, frontières, bords, limites », 2020 ; « Biopolitique et déconstruction », 2021 ; « Politiques de l’hospitalité », 2022) et publications (Malice, nos 10, 13 et 16, 2020-2022). Le point fort de ce travail est la constitution d’un réseau national et international de chercheurs, et notamment de jeunes chercheurs, publiant en anglais et en français (Malice est bilingue). Il conviendra, dans les 5 ans à venir, de structurer ce réseau, par exemple en s’appuyant sur le dispositif MRSEI.

5.1.2. Traductologie (resp. Alexis Nuselovici)

D’autre part, le questionnement théorique du comparatisme, de la traduction et du multilinguisme est une préoccupation centrale du groupe « Transpositions », développée dans son séminaire de groupe, dans les séminaires du Master Traduction (resp. Alexis Nuselovici) et dans une série de journées d’étude (« La traduction aujourd’hui : enjeux et défis », mai 2021 ; « La traduction contemporaine des textes classiques : ubi est ? », déc. 2021). Ce questionnement traductologique n’est pas cantonné au groupe des comparatistes du CIELAM, comme en témoignent le travail des stylisticiens sur la chanson (journée d’étude « Que devient le vers dans la chanson ? », janv. 2019), ou des groupes CUERMA et 16-18 sur la traduction du latin en français (conférence d’Olivier Millet, mai 2016 ; nombreuses publications), sur la réécriture et la traduction des troubadours (colloque Modernités troubadours, 2012), ou les travaux de Tristan Vigliano sur les traductions du Coran.

Le questionnement littéraire et théorique du geste de traduction a connu un développement important ces dernières années, notamment depuis la publication par Barbara Cassin d’un Dictionnaire des intraduisibles (2004) puis d’un Vocabulaire européen des philosophies (2019) qui ouvrait une nouvelle approche de l’espace philosophique européen, de son histoire et de ses lignes de fracture politiques. La spécificité de l’approche développée au CIELAM est la réflexion sur la dimension littéraire du geste de traduire, notamment à partir d’un retour critique vers l’article de Walter Benjamin sur « La tâche du traducteur », qui fait l’objet de débats importants aujourd’hui.

L’axe Φ pourrait organiser, dans les cinq ans à venir, un colloque international sur la traduction, en s’appuyant sur les collaborations initiées au sein de la Maison de la recherche avec les laboratoires de langues (ECHANGES, CAER, LERMA, IRASIA) et les philosophes (CGGG).

5.1.3. Littérature et histoire

Le CIELAM aborde régulièrement la question des rapports entre littérature et histoire, ou plus exactement de l’étude des textes se situant aux confins de la littérature, de l’histoire et de la philosophie. Cette question, outre son intérêt théorique intrinsèque évident, est stratégique pour le développement des relations du CIELAM avec ses partenaires de la MMSH, TELEMMe, TDMAM, CCJ, mais aussi IREMAM et MESOPOLHIS. Elle s’inscrit enfin dans la politique générale d’AMU en matière de recherche, qui vise le développement de la transdisciplinarité.

Un premier projet « Encyclopédismes » avait été initié en 2016 (Atelier « Images et mondes de la pensée de l’antiquité à nos jours », mars 2016), mais il a malheureusement été abandonné. Le CIELAM est par ailleurs associé au séminaire MMSH « L’Antiquité problématique : regards critiques sur la Grèce et sur Rome durant la Révolution française (1789-1799) » (dir. Julien Dubouloz, 2023). Cette question de la réception d’une époque ou d’une œuvre à une époque plus tardive constitue un axe de réflexion essentiel pour penser l’imaginaire littéraire : voir par exemple la journée d’étude sur l’imaginaire arthurien organisée par Adeline Duperray.  Il faut signaler enfin plusieurs codirections de thèse du CIELAM à fort ancrage historique et/ou philosophique (Georg Ernst, Anthony Le Berre, Mayeul Delpeuch…). Des thèses ont été récemment soutenues en littérature et histoire des sciences (Arianne Margolin, 2018), plusieurs recherches doctorales sur la littérature viatique rencontrent également cette question (Mathilde Mougin, Viktoria Kokonova).

Projet pour les 5 ans à venir : l’axe Φ pourrait organiser, à partir de 2023, un séminaire CRISIS jeunes chercheurs sur le fait scientifique et le fait anthropologique dans le texte littéraire et le texte philosophique, préparant un colloque sur l’expérience de pensée, qui est une des questions transversales que rencontrent ces différents travaux.

5.2. Humanités numériques

Les humanités numériques sont un domaine émergent en pleine expansion au CIELAM. Le programme Utpictura18, créé en 2001, est un programme de recherche du CIELAM depuis 2009. Le programme Coran 12-21, créé en 2019, a rejoint officiellement le CIELAM en 2022. Le CRLV, associé au CIELAM depuis 2021, comporte également un volet « bases de données ». Deux projets sont adossés à l’InCIAM, autour de Proust et de Giono. Enfin, la création de l’« e-bibliothèque » de la Maison du Théâtre d’AMU permettra d’héberger des ressources archivistiques théâtrales inédites (projet validé par la DRV d’AMU et en maturation à la SATT Sud-Est).

5.2.1. Utpictura18 (resp. S. Lojkine)

Voir la présentation détaillée du projet sur le site : https://utpictura18.univ-amu.fr/projet-utpictura18.

En 2020, le CIELAM a financé la migration du site sur le serveur du Datacenter-Sud de la DOSI dédié au CIELAM. La structure du site et de la base de données a été entièrement refaite : Utpictura18 tourne désormais sur Drupal9, ce qui lui permet de s’ouvrir à une gestion collaborative des contenus et de se rapprocher progressivement des standards d’un projet « science ouverte ».

Au printemps 2022, le projet « Utpictura18 – science ouverte » a été labellisé par la Fédération CRISIS : le séminaire, tenu à l’automne 2022, débouchera en décembre sur une journée d’étude consacrée au lancement de la nouvelle revue Rubriques d’Utpictura18. L’équipe constituée rassemble maintenant plus d’une dizaine de membres, issus de six universités françaises, et continue de s’accroître : https://utpictura18.univ-amu.fr/membres.

Au printemps 2023, la fondation AMIDEX a sélectionné le projet « Illustrer, Représenter, Voir – Projet Utpictura18 » (acronyme IRV) visant notamment l’internationalisation de l’interface et de l’équipe de recherche, l’organisation d’une école d’été à l’intention des jeunes chercheurs, des professeurs de l’enseignement secondaire et du grand public, et la constitution d’un réseau international de musées et bibliothèques partenaires afin de se positionner pour un dépôt de projet européen. Il s’agira enfin de proposer une édition en ligne des Salons de Diderot, articulée au corpus des œuvres que Diderot décrit, et qui ont été intégrées au corpus iconographique d’Utpictura18. Le projet a démarré à l'automne 2023, l'agence ITSS a été sélectionnée comme prestataire informatique par procédure de marché public.

A l'automne 2024, sera organisée l'école d'automne « L'image avec et contre le texte », en partenariat avec les ED d'AMU et des Pays de la Loire. Aller sur le site de la manifestation.

5.2.2. Coran 12-21 (resp. T. Vigliano)

Voir la présentation détaillée du projet sur le site.

Coran 12-21 présente au grand public et aux savants les principales traductions du texte coranique dans différentes langues européennes, depuis les origines jusqu’à nos jours. Les développements à venir de ce site consistent d’abord dans l’ajout de nouveaux textes : la première traduction espagnole (Coran en aljamiado, 1606), la première traduction allemande (Solomon Schweigger, 1616), la première traduction en français donnée par une femme (Denise Masson, 1967). Tristan Vigliano et Mouhamadoul-Khaly Wélé, co-directeurs du site, réuniront en outre, sous la houlette d’Olivier Hanne, une équipe d’annotateurs qui grefferont des commentaires sur les différentes traductions présentées, de manière à en faire ressortir les partis pris et les spécificités : ce travail d’annotation ira de pair avec la participation à l’exposition « Le Coran vu d’ailleurs », à la Bibliothèque nationale de Tunisie, dans le prolongement d’une collaboration avec l’IRMC soutenue par A*MIDEX et d’un partenariat avec l’ERC European Qur’an ; cette exposition, dans l’esprit de ses co-organisateurs Tristan Vigliano et Katia Boissevain, sera l’occasion d’élargir à une autre UMIFRE, le Centre Jacques Berque, le partenariat AMU-IRMC. Coran 12-21 proposera enfin un onglet « Textes sur l’islam », qui donnera à lire, dans des versions parallélisées, les trois plus grands textes européens sur la religion musulmane : le Livre de l’Echelle de Mahomet, la Doctrine de Mahomet et l’Apologie du pseudo-al-Kindî.

5.2.3. Dynamic-Proust et Giono Marginalia (resp. J. M. Quaranta)

Ces deux projets sont principalement rattachés à l’axe « Fabriques patrimoniales », mais ils relèvement secondairement de l’axe Φ par leur apport aux humanités numériques et par le travail interdisciplinaire auquel ils donnent lieu. Dans le premier cas, le travail est déjà amorcé avec l’INCIAM : les chercheurs en critique génétique, en psychologie, spécialistes du langage et de la créativité, des chercheurs en informatique, étudieront les processus impliqués dans la création littéraire et procèderont à leur modélisation. Les processus cognitifs et affectifs identifiés dans la genèse de l’œuvre de Proust seront analysés et utilisés pour enrichir les modèles de génération itérative de textes de type « séquence à séquence » utilisés, par exemple, en traduction automatique, et les comparer à des modélisations du processus créatif, afin d’enrichir la compréhension de la créativité dans le champ de la littérature. Le projet permettra également de lever un verrou dans un domaine de pointe de l’informatique, tout en proposant un objet éditorial totalement innovant et en enrichissant les travaux en psycholinguistique, créativité et création littéraire.

Chacun de ces projets est confronté au problème de l’édition électronique des textes, de leur annotation et de leur enrichissement. Il sera utile, dans les 5 ans à venir, de consacrer un atelier de recherche à cette question.

5.3. Intermédialités

L’intermédialité est un des objets de réflexion centraux du groupe « Transpositions » du CIELAM, notamment autour de l’étude des relations entre littérature et peinture et entre texte et musique, qu’il s’agisse du partenariat avec le Festival de musique d’Aix ou de la réflexion menée sur le livre augmenté et sur la manière de penser l’enrichissement sonore d’un texte (Eric Leclerc, Aude Locatelli, Etienne Leterrier). Le séminaire « Intermédialités » du master Lettres est consacré à ces questions. Le projet de recherche « Les Ondes du monde » (Joël July en partenariat avec le CAER et le LESA) est également centré sur la chanson saisie comme objet intermédial. L’étude des relations entre texte et image est par ailleurs au centre du projet Utpictura18. Enfin, les recherches sur le texte théâtral, ses archives et ses transferts, occupent une part très importante des recherches menées au CIELAM, que l’axe Φ se propose de valoriser.

5.3.1. Études théâtrales : de la recherche-création à la recherche action (resp. Corinne Flicker)

Les études théâtrales au sein du CIELAM bénéficient du partenariat avec la Maison du Théâtre, dont Corinne Flicker a été l’initiatrice et pour laquelle elle est chargée de mission AMU.

L’objectif de la Maison du Théâtre est de créer une synergie entre formation, recherche et création artistique contemporaine dans le champ des études théâtrales, afin d’en faire un secteur d’excellence de notre université, en lien avec les partenaires artistiques régionaux, nationaux et internationaux. Le CIELAM a joué un rôle central dans ce dispositif, qui vient se structurer ici dans le programme « Etudes théâtrales » de l’axe Φ.

Corinne Flicker a en effet été porteuse de 2018 à 2023 du programme initiative d’excellence  POTEAC, « Poétiques et techniques de l’acteur : patrimoines, innovations, mondialisation » programme de recherche-création financé par A*MIDEX, qui prévoyait notamment la publication d’une anthologie mondiale des traités du jeu de l’acteur : les volumes sont en cours de publication aux PUP, dans la collection « Les textes du théâtre », créée spécifiquement pour accueillir les productions des chercheurs associés à la Maison du Théâtre. Cette anthologie fait découvrir des corpus inédits et/ou non traduits et donc inconnus en Europe. Il s’agira de mettre en pratique ces traités dans des spectacles créés grâce au travail conjugué des chercheurs de POTEAC et des artistes des théâtres partenaires régionaux (recherche-action).

Le programme « Études théâtrales » de l’axe Φ contribuera aux actions récurrentes de la Maison du Théâtre : la Semaine Internationale du Théâtre d’AMU (SIT), qui se déroule chaque année, et les Rencontres de la Maison du Théâtre, cycle de conférences données par les enseignants-chercheurs d’AMU auprès des théâtres partenaires de la région, en liaison avec leur programmation de spectacles. Le DESU « Éloquence et théâtre » du Département des Lettres, auquel participent les enseignants du Département des Arts, renforce le volet formation de l’établissement dans le champ théâtral et participe à la programmation de la SIT. Chaque SIT traite d’un thème particulier et est parrainée par un artiste : la 4e SIT (17 au 24 mars 2023, sous le parrainage de Marcel Bozonnet, ancien administrateur de la Comédie-Française) portera sur « Les théâtres du réel », articulant création et pensée sur un monde contemporain en pleine mutation, en proie aux convulsions des guerres et des effets de la mondialisation.

Projet pour les 5 ans à venir : l’équipe constituée à l’occasion du projet POTEAC souhaite reconduire un nouveau projet, sur la lancée du précédent, soit dans le cadre du programme blanc de l’ANR, soit sous la forme d’un MRSEI (montage de réseau scientifique) pour pouvoir répondre aux appels « Horizon Europe » du cluster 2 ou à l’appel « Coopération » annuel d’Europe Créative. Deux pistes sont à l’étude. La première porte sur les archives théâtrales et s’appuie sur les partenariats noués avec les Archives nationales d’outre-mer (ANOM), les Archives nationales du Vietnam (ANV), du Laos (ANL) et du Cambodge (ANC) : il concerne les archives de la période coloniale et plus généralement les patrimoines littéraires à inventorier et à préserver, avec pour objectif d’aider les pays du Sud à assurer la conservation, l’étude et la valorisation de leurs patrimoines culturels. Ce projet a pour base deux bourses doctorales de la Région Sud PACA (2016-2019, Phirith Keo, thèse soutenue en 2021 ; 2019-2022, Anh Khieu Nguyen, thèse à soutenir en 2024). Une autre piste porte sur les transferts : transferts de genres (du théâtre au roman et inversement, Florence Bernard et Maria Luisa Mura ; du conte au théâtre, Clélia Di Pasquale ; du tragique au comique, Michaël Rizzo et Marion Sautereau), du réel historique à la fiction dramatique (Stéphanie Gay-Collin et Georg Ernst), des modèles orientaux (Marie-Anne Rossignol), du texte à sa représentation scénique et/ou à sa chorégraphie (Laetitia Deleuze, Thibaud Ruellan, Juliette Privat).

5.3.2. Partenariat avec le programme « Les Ondes du monde » (resp. pour le CIELAM Joël July)

Le réseau « Les ondes du monde » (resp. Perle Abbrugiati, CAER) a pour but l’étude de la chanson, principalement dans l’aire méditerranéenne et romane. Né en 2015 à Aix-Marseille Université (AMU), il réunit des chercheurs français et étrangers de près de vingt universités dans le monde et, par convention, plus particulièrement de dix universités partenaires : Aix-Marseille, Paris 3, Bordeaux, Lyon 2, Valenciennes, Lille, Amiens UPJV, Manchester, Innsbruck, Turin, Lausanne. Il s’enracine dans l’axe 2 du CAER : « Ecriture, réécriture, intermédialité » et dans l’axe transversal Φ du CIELAM.

Le projet est interdisciplinaire et ouvert sur le monde artistique et sur la cité. Il est né en 2015 de l’action conjuguée de trois laboratoires, le CAER (Perle Abbrugiati, études romanes), le CIELAM (Joël July, langue et littérature française) et le LESA (Jean-Marie Jacono, musicologie). Il s’est depuis ouvert à d’autres disciplines : arts de la scène, sociologie, histoire, esthétique, économie, droit… Le projet a reçu le soutien financier de la fondation A*MIDEX (près de 20000 euros) dans le cadre de l’appel à projets « Pépinière d’excellence » en 2018.

« Les Ondes du monde » organisent tous les deux ans une Biennale internationale d’études sur la chanson avec 2 colloques jumeaux, un à Aix, l’autre auprès d’un ou plusieurs de nos partenaires institutionnels :

  • 2017, Espaces de la chanson contemporaine, AMU-MUCEM-Conservatoire d’Aix/Universités de Lille, Amiens et Valenciennes ;
  • 2019, Du malentendu dans la chanson, AMU/Lyon 2 ;
  • 2021, Chanson pour, chanson contre, AMU/Sorbonne Nouvelle-Philharmonie de Paris ;
  • 2023, Dramaturgies de la Chanson, AMU / Université d’Innsbruck.

À chaque fois, des artistes ont été associés, ainsi que la SACEM, la Cité de la Musique et des labels tels qu’Universal. Le rayonnement de la Biennale est européen et au-delà (invités du Canada, du Brésil, de Lituanie, du Liban, du Maghreb, des Etats-Unis, de Grèce, de Bulgarie) et les Actes des Biennales sont publiés l’année suivante (plus de 500 pages à chaque fois). La collection « Chants Sons » des PUP qui les accueille publie par ailleurs des ouvrages régulièrement : elle en est à son 14e titre en cinq ans et son attractivité s’accroît année après année. Elle touche des genres chansonniers très différents (de Ferré, Brassens et Barbara jusqu’au hip-hop et à la chanson ultra-contemporaine).

Le réseau a organisé en tout 8 colloques, 12 journées d’études à AMU, un séminaire (« Des chansons dans tous les sens »). Le théâtre Le Petit Duc accueille régulièrement des conférences de chercheurs du réseau (cycle « Comme ça vous chante »). Les Ondes du monde comportent en outre désormais une part de recherche-création (voir le livre-CD Réécrire Brassens ? de Perle Abbrugiati).

Depuis 2021, la cellule Action culturelle d’AMU lance, avec les Ondes du monde, un événement récurrent, le Festival de la Chanson française sur l’ensemble de ses campus. Cinq thèses sur la chanson ont été déposées dont deux contrats doctoraux.

Depuis ses premières manifestations, le réseau de recherche « Les ondes du monde » a eu à cœur d’enregistrer, en plus de la polysémiocité reconnue classiquement à la chanson (voix, texte, musique), son intégration d’une nouvelle donne, son aspect visuel, aussi bien dans le cadre de la performance de la vedette sur scène que dans la dimension de moins en moins négligeable du clip-vidéo. Plusieurs communications des Biennales explorent les enjeux symboliques des images associées à l’objet-chanson et la 4e Biennale, dans le versant qu’elle exploitera à Innsbruck, interrogera les aspects performanciels classiques et contemporains sous la problématique de la dramaturgie.

Projet pour les 5 ans à venir : Les Ondes du monde se mobilisent pour le dépôt de projets nationaux et internationaux. 2 projets ANR ont été déposés en 2016 et 2017 ; un projet Europe Créative est à l’étude.

5.3.3. Partenariat avec le CRLV (resp. Sylvie Requemora)

Principalement rattaché à l’axe « Mobilités interzones », le Centre de Recherches sur la Littérature des Voyages (crlv.org) dirigé par S. Requemora, en tant qu’il a trait aux déplacements et aux écrits de voyages, relève aussi de l’axe Φ par son site et une réflexion sur les humanités numériques. Il propose en effet au grand public, aux étudiants et aux chercheurs une quadruple base de données, actuellement en cours de travaux d’améliorations :

- Des références d’écrits et de cartes de voyages : au niveau quantitatif, le nombre de textes répertoriés sur la base du CRLV est de l’ordre de 1521 notices dans la « Bibliographie des voyages » (moteur de recherche par « époque », « localisation », « fonds d’origine ») et 4265 dans la « Bibliothèque des voyages » (moteur de recherche par « année », « destination », « auteur » et « forme »), qui sont en train d’être augmentés et classés dans une entrée commune intitulée « corpus viatique ». Une base « Viatica Pacifica » (1500 titres) est en voie d’être migrée également depuis l’université de Lausanne vers la base de données du CRLV. Au niveau scientifique, ces classements interrogent le genre des écrits de voyage. La réflexion théorique passera d’abord par une typologie à la fois diachronique et synchronique.

- Des « fiches bicyclettes » : 1883-2021, 138 ans de récits de voyages et de randonnées à bicyclette (base de Hervé Le Cahain), bibliographie primaire et bibliographie critique.

- Des « images viatiques » : héritées de l’ancien site du CRLV, elles sont composées d’iconographies asiatiques uniquement, avec des moteurs de recherches par « province », « motif remarquable » et « mots clés ». Elles seront progressivement complétées par un projet d’imagologie viatique d’envergure.

- Une encyclopédie sonore regroupant conférences de séminaires et communications de colloques, classées par événement scientifique (plusieurs centaines de fichiers audios et vidéos, stockées en interne ou en lien sur Canal U et depuis peu, sur Youtube, plateforme sur laquelle une chaine CRLV est en cours de création).

5.3.4. Partenariat avec le Festival d’Aix (resp. Aude Locatelli)

Deux Rencontres autour des opéras programmés au Festival d’art lyrique ont eu lieu, « Opéra d’hier, opéra de demain face au monde d’aujourd’hui » (mai 2021) et « Amour et pouvoir dans les opéras du Festival 2022 » (avril 2022), en partenariat avec le Festival et l’association des Amis du festival. Elles ont été coordonnées par E. Rallo Ditche, professeure émérite de littérature générale et comparée à l’université d’Aix-Marseille.

Projet pour les 5 ans à venir : structurer le partenariat du CIELAM avec le Festival d’Aix, avec l’organisation d’une rencontre annuelle en liaison avec les thèmes et la programmation du Festival.