Cette journée d’étude est organisée par le CIELAM, avec le soutien de l’UFR ALLSH (Aix-Marseille Université) et du programme Comparative Literature, World Literature and Translation Studies, laboratoire des études transnationales de l’University of California Santa Barbara.
Elle vise à réunir dans un cadre interdisciplinaire des jeunes chercheurs et des chercheurs confirmés qui travaillent sur la postmigration. Au sein de ce champ, l’accent sera mis sur les récitsde la postmigration – notion englobant tant des récits de fiction que des récits collectés dans le cadre d’enquêtes ethnographiques –, soit des formes qui n’ont pas comme référence première le fait migratoire mais plutôt mais « les processus de transformation et mixité qu’il engendre pour les générations suivantes » (Geiser, 2008, 127). L’objectif de la journée d’étude est de produire un dialogue comparatiste entre littérature et sciences sociales, à partir d’une interrogation commune sur le récit de la postmigration comme héritage de la migration. Quel est le rôle de la migration dans la construction identitaire au sein de récits produits par une génération qui n’a pas immigré ? Qu’est-ce qui différencie ces récits de ceux de la migration? Quelles relations observe-t-on entre les récits de la postmigration et ceux de la migration? Quels termes dès lors valider pour qualifier ces récits et les personnes qu’ils impliquent? Telles sont quelques-unes des questions qui se posent. Initialement employé en psychologie et dans les sciences sociales comme marqueur temporel, le terme «postmigration» et ses équivalents tels que la «post-migration», la «deuxième-génération» ainsi que des expressions désignant des communautés spécifiques telles que «chicano» (mexico-américain) ou «sinsei» (américano-japonais), s’emploient aujourd’hui pour qualifier des identités dynamiques influencées, mais non définies par la migration de générations antérieures. Cette approche contemporaine émerge lors du tournant culturel des années 1990, particulièrement dans les pays anglo-saxons et germanophones, et témoigne de l’intérêt pour l’étude de la diversité culturelle dans les sociétés d’après-guerre marquées par les mouvements de décolonisation. Si les premiers travaux sur la postmigration (G.Baumann et T. Sunier 1995; Vertovec et Cohen 1999 ; Brah 1998; Hannerz 1996) interrogeaient les effets de la migration internationale dans les principaux pays d’accueil d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, aujourd’hui des études abordent également la postmigration dans des pays historiquement marqués par des migrations plus anciennes, en Amérique Latine et en Afrique notamment (Watchel 2011; Simenel 2010 ; dos Santos 2016). Domaine de recherche dans lequel les chercheurs utilisent leurs sources afin d’observer et restituer la mémoire culturelle des anciennes migrations, les études sur la postmigration ouvrent une nouvelle dimension à l’analyse du sujet au-delà de la dichotomie citoyen-immigré pour mettre l’accent sur l’hétérogénéité de l’individu contemporain. Ces journées d’étude se proposent donc d’analyser l’interaction de la postmigration avec la forme du récit tant dans la fiction que dans des récits de soi et des formes narratives prenant en charge, dans les sciences sociales notamment, la mémoire collective. À cette fin, trois axes de réflexion qui tirent parti d’une approche transnationale et interdisciplinaire de la postmigration seront privilégiés.