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Date de l'événement :

Organisateurs

Collège doctoral franco-allemand « Conflits des cultures/cultures de conflit » (Aix-Tübingen) ED Langues Lettres et Arts : EA 4235 CIELAM (Centre Interdisciplinaire d’Etude des Littératures d’Aix-Marseille), EA 4236 ECHANGES (Equipe sur les Cultures et Humanités Anciennes et Nouvelles Germaniques et Slaves), EA Espaces, cultures, sociétés (pour les historiens et les historiens de l’art) : TELEMME (Temps, Espaces, Langages, Europe Médiévale – Méditerranée) ; Graduiertenkolleg « Konflikt der Kulturen/Kulturen der Konflikte » (Tübingen). Resp. Aix : Thomas Keller, resp. Tübingen : Dorothee Kimmich

Argumentaire

La perception de la Première Guerre mondiale a subi une large européanisation accompagnée par l’occidentalisation de l’Allemagne. Ses différentes réécritures ont contribué à désamorcer les conflits politiques et discursifs entre Français et Allemands. Contrairement aux différends d’après 1918 (le « Diktat », « le poignard dans le dos »/ » Dolchstosslegende ») qui font que la guerre en enfante une autre, la Fischer-Kontroverse en 1961, les conceptions de la guerre civile européenne et de la guerre totale (Nolte et Furet) ainsi que les travaux sur les lieux de mémoire partagés comme Verdun et la Somme (Krumeich, Audoin-Rouzeau, Becker) ont apaisé les conflits d’interprétations. Les recherches comparant la littérature de guerre et la littérature pacifiste des deux pays ont également bâti un socle commun aux parties belligérantes, qui intègre des éléments mémoriels et devient même un héritage commun. Ce consensus franco-allemand est aujourd’hui symbolisé par la possibilité de concevoir et de publier des études et des manuels scolaires franco-allemands. Le calme qui règne dans le paysage de la recherche reflète largement la période de paix après 1945, survenue après la longue guerre civile européenne (1914-1945). Or, depuis la chute du Mur de Berlin, la guerre est revenue en Europe et des guerres de types nouveaux ont vu le jour. Tout comme les Trente glorieuses ne furent qu’un intervalle, la paix de la guerre froide est arrivée à sa fin. Aujourd’hui, soldats français et allemands se battent - certes conjointement. Les visions du monde consensuelles – plus répandues dans l’Allemagne actuelle qu’en France – semblent devenir moins évidentes. La pensée agonistique n’est pas simplement réhabilitée, mais la reconnaissance du fait agonal s’impose à nouveau. Elle se traduit aussi par une autre manière de voir la Première Guerre mondiale, un regard, qui rompt avec le consensus réconciliateur. Le collège doctoral franco-allemand « Conflits des cultures/cultures de conflit » qui organise ce colloque se propose de décrypter le lien intime qui relie la culture et le conflit. Dans cette optique, le chercheur ne peut pas interpréter la Première Guerre mondiale uniquement comme accident, comme rupture civilisatrice et retour de la barbarie. Sans ignorer les différences entre les régimes plus ou moins autoritaires, la guerre peut être comprise comme élément inhérent à la culture européenne. Ceci est particulièrement palpable à la lumière de la Première Guerre mondiale qui n’a pas de motifs réellement intelligibles – contrairement à la Deuxième guerre mondiale, qui fut une guerre finalement incontournable pour combattre le nazisme. Tout comme l’Europe a forgé des systèmes et des concepts apparemment pacificateurs (unité chrétienne, paix d’Augsbourg, système westphalien, balance of power, libre commerce, modèles donnant un rôle hégémonique à une puissance, coexistence de blocs, société des nations, coexistence d’ethnies), elle pense également la guerre. La foi chrétienne exclut et divise, les nations réclament un droit sur l’autre, les cultures et les ethnies s’inventent en construisant un ennemi... La culture européenne est foncièrement régie par des « identités » conflictuelles et leurs interactions violentes et meurtrières. Ainsi, la Première Guerre mondiale n’est-elle pas uniquement la conséquence d’événements comme l’attentat de Sarajevo, les déclarations de la guerre, la violation allemande de la neutralité belge etc., c’est-à-dire la conséquence d’un échec de médiation politique. Elle reflète aussi fidèlement les tendances agonistes qui s’incarnent dans les politiques, mais aussi dans les guerres culturelles de l’époque, les sciences humaines et les arts. Expliquer l’éclatement de la guerre à partir de la différence entre culture et barbarie, entre cultures belligérantes et cultures pacifistes est de moins en moins convaincant, dans la mesure où une époque de la convergence la précède, qui est caractérisée par le darwinisme social, le Volkskrieg, l’expansion coloniale et la militarisation intérieure. Les discours légitimant la guerre relient les politiques aux langues, aux littératures et aux arts. Depuis quelques années la littérature portant sur le conflit dans le domaine de la philosophie et du politique (études de Mouffe, Nancy, Badiou, Žižek..) éclore en France, elle trouve depuis peu un écho en Allemagne et en Autriche. Le collège doctoral « Conflits de cultures/cultures de conflit » privilégie les approches historiques, littéraires et « civilisationnistes » (kulturwissenschaftlich) et pose ainsi la question de savoir dans quelle mesure les facteurs culturels sont aussi constitutifs de la Première Guerre mondiale. Dans la mesure où ce colloque voudrait innover, les approches choisies devront adopter une perspective moins comparatiste que transculturelle. Ainsi les historiens ont-ils récemment identifié la cruauté à l’intérieur de la culture nationale des belligérants, comme l’illustre le sort des fusillés pour l’exemple des deux côtés, ainsi que les fraternisations, phénomènes qui dépassent la simple opposition entre bellicisme et pacifisme et reconfigurent la question de la violence. L’analyse des cérémonies et des lieux de mémoire partagés pourra aussi mettre en question la routine mémorielle. L’échec de la médiation met également en question les figures et instances médiatrices mêmes (discours socialistes, religieux, humanistes…). Les médiateurs sont souvent d’excellents serviteurs de guerre. Au lieu d’opposer les littératures pacifiste et belliciste, les analyses pourront se porter sur l’étude des grands romans de l’époque (« A la recherche du temps perdu », « Der Mann ohne Eigenschaften », « Der Zauberberg ») à l’aune de la guerre à venir ou en cours. Elles devront interpréter le dilemme qui fait que la violence des avant-gardes anti-nationalistes – du futurisme au dadaïsme – orchestre la guerre des nations. Le fait agonal que les ethnologues et sociologues de l’époque découvrent dans l’espace exotique trouve ainsi son expression la plus excessive en Europe même. Les contributions devront porter leur attention moins sur le champ de bataille que sur ce qui se passe dans les têtes. Le fait agonal s’impose dans les discours politiques, dans les sciences humaines et dans les arts. Tandis que ceux qui opposent aux tendances bellicistes des prises de position pacifistes subissent une défaite cuisante, les avant-gardes de l’époque inventent des concepts agonaux qui rivalisent avec la réalité et les discours de la guerre des nations et des Etats. Elles découvrent une valeur de l’agonal différente de sa codification dans le conflit militaire entre nations. Certains ethnologues et sociologues, intellectuels et artistes soulignent le rôle des actes agonistiques pour renforcer la cohésion sociale et culturelle. Ces tendances peuvent permettre d’établir un lien entre la culture et la politique (voir le glissement des futuristes vers le fascisme), mais elles peuvent également fonder un domaine agonal transfrontalier et international distinct qui oscille entre révolution culturelle et révolution politique. Le colloque privilégiera la perspective croisée. Ainsi les discours d’un Thomas Mann ou d’un Rudolf Eucken incitent-ils à s’interroger sur l’existence de prises de position comparables dans le contexte français. Le colloque est une manifestation commune des historiens, des germanistes, des spécialistes de Lettres et de Littérature comparée de Tübingen et d’Aix. Il est conçu comme un événement marquant du nouveau collège doctoral franco-allemand et comme un prolongement des Master des cursus intégrés TuebAix et Aire Interculturelle Franco-Allemande. Il comportera deux tables rondes : la première tournera autour des conceptions du conflit, tandis que la seconde donnera la parole aux anciens de TuebAix et AIFA. Les actes du colloque paraîtront au numéro 66 (2014) des Cahiers d’Etudes Germaniques, c’est-à-dire au moment du centenaire de l’éclatement des hostilités.

Programme provisoire

Lieu : Université d’Aix-Marseille, Aix-en-Provence Date : du 14 au 16 mars 2013

Jeudi 14 mars

9 h 00 Accueil des participants 9 h 15 Ouverture du colloque par le Président de l’Université 9 h 30 Barbara Besslich (Heidelberg) : Das Land der Wirklichkeit und Das wirkliche Deutschland. Die kulturkritischen Transfers des Oskar A. H. Schmitz (1873–1931) zwischen Krieg und Frieden 10 h 15 Julie Demel (Aix-Marseille) : Zuckerkandl-Szeps-Clémenceau 11h - 11 h 30: Pause 11 h 30 Dorothee Kimmich Johannes Grossmann (Tübingen) : Erinnerungsorte 12 h 15 Wolfgang Fink (Lyon) : Der erste Weltkrieg als Krieg der Konfessionen? 13 h – 14 h : Buffet 14 h – 14 h 45 Jacques Darmaun (Nice) : Thomas Mann et la Première Guerre mondiale 14 h 45 Claus Erhart (Nice) : Musil 15 h 30 Pause 16 h Alexandre Kostka (Strasbourg) : Cultures de guerre et cultures des arts visuels : comment représenter le « conflit juste » ? Une approche tri-nationale France, Allemagne, Angleterre. 16 h 45 – 17 h : Pause 17 h Table Ronde Conflits avec Jean-Marie Guillon, Dorothee Kimmich ? Stéphane Lojkine

Vendredi 15 mars

9 h Françoise Knopper (Toulouse) : Jacques Norbert 9 h 45 David Weber (Aix-Marseille): La place des guerres révolutionnaires et napoléoniennes dans la presse allemande parue en France occupée (1914-1918) 10 h 15 Pause 10 h 45 Marion Picker (Aix-Marseille) : La guerre des géographes 11 h Thomas Keller (Aix-Marseille) : La guerre des médiateurs 12 h : Buffet 13 h 30 Isabell Scheele (Aix-Marseille/Tübingen) : La guerre des documents 14 h 15 Christa Karpenstein-Essbach (Mannheim): Gedächtnisrituale und Gewalt: Klumberg 15 h 00 : Pause 15 h 30 Veronique Dallet-Mann (Aix-Marseille) : Renoir : La grande illusion 16 h 15 Pause 16 h 30 Dorothee Kimmich (Tübingen) : titre à préciser 17 h 15 Gangolf Hübinger (Frankfurt/O.) : titre à préciser Présentation du collège doctoral Table Ronde avec les doctorants de TuebAix et d’AIFA ( 5 à 6 anciens et nouveaux doctorants) animation : un ancien TuebAix ou AIFA Les parcours et les recherches des doctorants Soir : Dîner

Samedi 16 mars

9 h Thomas Lange (Darmstadt) : E.E. Noth: Paul et Marie (1937). Ein französischer Kriegsgefangener in Deutschland 9 h 45 Marie-Françoise Attard-Maraninchi (Aix-Marseille) : Jean Norton Cru : littérature et expérience de guerre (1914-1918). 10 h 30: Pause 11 h Jochen Mecke (Regensburg) : Titre à préciser 11 h 45 Joseph Jurt (Basel) : Titre à préciser 12 30 h Fin du colloque
Type d'événement :
Autre manifestation, Divers