Le CIELAM vous invite à deux journées d’études consacrées à l’œuvre de la cinéaste libanaise Jocelyne Saab, qui se tiendront les mercredi 14 et jeudi 15 février 2024 dans la salle des colloques 1 du Pôle Multimédia, sur le campus Schuman d’Aix-Marseille Université.
Une projection de plusieurs rares courts-métrages de la cinéaste sera également organisée au Cube le 14 février, de 17h30 à 18h30 (entrée libre), à l’issue de la première journée d'études.
Ces journées sont co-organisées par Aude Locatelli, Léa Polverini et Mathilde Rouxel, et prennent place au sein d'une rétrospective intégrale de la filmographie de Jocelyne Saab qui se déroulera à Marseille du 6 au 28 février.
Vous êtes les bienvenus !
Présentation
Après son décès le 7 janvier 2019, Jocelyne Saab a laissé une œuvre riche et trop peu connue de son vivant. Journaliste dès 1970 au Liban, reporter de guerre à partir de 1973 pour la télévision française, elle prend son indépendance en tant que documentariste à partir de 1974. Elle réalise plus d’une vingtaine de documentaires, courts et longs-métrages, en 16 mm entre 1974 et 1989, se lance dans la fiction dès 1984, puis continue de proposer des films documentaires à la télévision française, tournés en vidéo dans les années 1990. En 2005, elle réalise après sept ans de travail acharné sa grande fiction Dunia, son premier film en numérique, étouffé par une censure insidieuse en Égypte, pays où il a été tourné. Saab se saisit alors d'autres formes d’expression : la vidéo d’art, l’installation mix-médias et la photographie, jusqu’à sa dernière œuvre, un livre d’images, Zones de guerre (2018).
Témoignage d’un monde disparu, ces images étaient essentielles pour Jocelyne Saab. À chaque étape de sa carrière prolifique, Jocelyne Saab revient sur les films qu’elle a réalisés durant la guerre civile qui a déchiré son pays, le Liban. D’une œuvre à l’autre, les images reviennent. Après la guerre lancée en 2006 par l’armée israélienne contre le Liban, Jocelyne Saab construit l’installation Strange Games and Bridges (2007) dans laquelle les images des infrastructures détruites par les Israéliens en 2006 croisent celles de la guerre civile de 1975-1990, trente ans après avoir été tournées. Son dernier projet de long-métrage, un documentaire hybride dans lequel elle souhaitait raconter l’histoire de la fondatrice de l’armée rouge japonaise au Liban, Fusako Shigenobu, et du destin de sa fille Mei dissimulée pendant 27 ans pour la protéger du Mossad, avait encore pour projet de donner à voir ces images d’une Beyrouth disparue. Fondamentales pour l’écriture de l’Histoire, les images de Jocelyne Saab présentent un autre point de vue, libre et audacieux, qui a su s’exporter sur les chaînes de télévision et dans les festivals du monde entier et qu’il est utile aujourd’hui de revoir avec attention. Ses films, tournés à travers le Maghreb et le Machreq, sur une période au long cours où se reconfiguraient les équilibres et déséquilibres de la région, ont immortalisé une époque et un monde en recomposition. Restés longtemps dans l’ombre, peu accessibles et difficiles à diffuser, ils suscitent aujourd’hui un intérêt grandissant, dont la cinéaste n’a malheureusement pu connaître que le balbutiement.
Accompagnant la rétrospective intégrale des films de Jocelyne Saab présentée à Marseille dans différentes salles de cinéma du 7 au 28 février 2024, ainsi que la sortie d'une partie de sa filmographie chez les Mutins de Pangée, qui regroupe les 15 premiers films documentaires de Jocelyne Saab ayant récemment fait l’objet d’une restauration (période 1975-1982), ces journées d’études ont pour objectif d’offrir une contextualisation historique, artistique et politique à l’émergence de ces images. Regroupant des chercheurs et chercheuses de différentes disciplines, proposant des approches transversales pour analyser l’œuvre protéiforme de Jocelyne Saab, cette rencontre permettra de parcourir le travail de Saab dans son intégralité, de ses premiers documentaires à ses dernières œuvres de photographe.
Programme
14 février
11h-11h30 Accueil des participants
Panel 1 - 11h30-13h
11h30-12h00 : Mathilde Rouxel (Aix-Marseille Université, CNRS, Iremam) & Léa Polverini (Aix-Marseille Université, Cielam/Université Toulouse 2-Jean Jaurès, LLA Créatis)
« Jocelyne Saab, reporter, cinéaste au service de l’histoire. Introduction »
12h-13h : Séance plénière : Fabienne le Houérou (Aix-Marseille Université, CNRS, Iremam)
« L'évolution du regard féminin (ou female gaze) du cinéma de Jocelyne Saab de 1974 à 2019 »
13h-14h30 Pause déjeuner
Panel 2 - 14h30-16h
14h30-14h50 : Lola Maupas, ENS Lyon
« L'enfance dans l'oeuvre de Jocelyne Saab : vie, guerres, ancrages et migrations ? »
14h50-15h10 : Michael Issa El Helou, Université de Caen-Normandie / Institut d’Etudes Scéniques et Audiovisuelles (Université Saint-Joseph, Beyrouth)
« Les formes cinématographiques de l’histoire du Liban dans Lettre de Beyrouth (1978), Une vie
suspendue (1985) et Il était une fois Beyrouth, histoire d’une star (1994) »
15h10-15h30 : Léa Polverini (Aix-Marseille Université, Cielam / Université Toulouse 2 - Jean Jaurès, LLA Créatis)
« Poétique de l’absence et mythologies littéraires dans l'oeuvre de Jocelyne Saab (Les Fantômes
d'Alexandrie, Beyrouth, ma ville, What’s Going On?) »
Discussion
16h-16h20 Pause
Panel 3 (visio) - 16h20-17h30
15h50-16h10 : Medrar Sallem-Âati, Université Jean Monnet Saint-Étienne & Université de Tunis
« Des courts qui en disent long : le pouvoir des mots/maux traduits par les images-sons de Jocelyne Saab »
16h10-16h30 : Claudia Polledri, Université de Montréal
« Être à l'écoute : Jocelyne Saab et l'écriture sonore de Beyrouth »
16h30-16h50 : Nessrine Naccach, Université Sorbonne Nouvelle
« “Plusieurs chemins mènent à Dieu. J’ai choisi celui de la danse et de la musique”. Dunia de Jocelyne Saab : danseuse, soufie et passeuse du feu ? »
Discussion
Projection au Cube - 17h30-18h30
« Jocelyne Saab, Reporter de guerre » : courts-métrages rares des premières années de la carrière de Jocelyne Saab
Hors les murs : 20h30 Projection au cinéma Les Variétés (Marseille) du film Dunia (2005), présenté par la réalisatrice libanaise et ancienne collaboratrice de Saab Dima Al-Joundi
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15 février
10h-10h30 Accueil café
Panel 4 - 10h30-11h30
10h30-10h50 : Thomas Richard, Université Paris 8
« Jocelyne Saab, explorer la violence de l’intime au national, du documentaire à la fiction »
10h50-11h10 : Nadine Asmar, Université de Bretagne
« Beyrouth au féminin : au sujet du récit, de la ville et des femmes dans les fictions de Jocelyne Saab »
Discussion
Panel 5 - 11h30-12h30
11h30-11h50 : Bamchade Pourvali, docteur de l’université Paris Est
« Iran, l'utopie en marche (1980) : Une révolution aux visages multiples »
11h50-12h10 : Amirpasha Tavakkoli, docteur de l’EHESS, Paris
« Jocelyne Saab et la nouvelle ère révolutionnaire en Iran (2022-2023) »
Discussion
12h30-14h Pause déjeuner
Panel 6 - 14h-15h30
14h00-14h20 : Némésis Srour, CESAH (EHESS/CNRS)
« Jocelyne Saab et le Festival International de Films de Résistance Culturelle : démanteler les frontières et créer de nouvelles routes pour le cinéma d’Asie au Liban »
14h20-14h40 : Hugo Darroman, docteur d’Aix-Marseille Université
« Jocelyne Saab, cinéaste témoin de la révolution palestinienne »
14h40-15h00 : Mathilde Rouxel, Aix-Marseille Université, CNRS, Iremam
« Prendre la parole : l’affirmation de Jocelyne Saab dans ses premiers documentaires sur la situation au Liban (1974-1982) »
Discussion
Pause 15h30-15h50
Table-ronde - 15h50-16h50 : Faire vivre l’œuvre de Saab
Christine Ishkinazi (Films Femmes Méditerranée), Solange Poulet (Aflam), Louise Malherbe
(programmatrice indépendante)
16h50-17h Clôture
Hors les murs : 19h Projection au cinéma Le Miroir (Marseille) du film Iran, l’utopie en marche (1981) présenté par le chercheur et spécialiste du cinéma iranien Bamchade Pourvali
Aucune conférence n'a été associée à cet événement pour le moment.