Avant-scène de Billy’s Violence

Par Sylvie Requemora (professeure de littérature du XVIIe siècle, Aix Marseille Université)

Théâtre des Salins, mardi 1er février à 19h

Aux origines du spectacle sanglant : le théâtre de l’échafaud

Le plaisir de voir les horreurs du monde n’est pas nouveau. De Tarantino aux films gore, la représentation de la cruauté tragique trouve son origine dans un théâtre mettant « le crime à l’honneur et la rime à l’horreur » (C. Biet). A l’extrême fin du XVIe siècle et au tout début du XVIIe naît, en Europe, un théâtre à partir duquel se constitue notre théâtre moderne. Maintenant souvent oublié, dans l’ombre nationale du fameux classicisme, bien proche des théâtres élisabéthain et espagnol, ce théâtre de l’échafaud interroge la naissance infiniment créative d’un spectacle du plaisir d’expérimenter les formes, les cas de figures amoureux, la casuistique juridique et les tensions qui les produisent. Pièces à frissons, plus écarlates que dorées, autant performances corporelles que réflexions éthiques et philosophiques sur la fascination du mal, elles sont à considérer en perspective d’une histoire de la violence sur scène comme moyen de penser ce qu’aujourd’hui peut signifier la représentation de la cruauté.