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Date de l'événement :

Appel à communication ouvert aux chercheurs débutants (masters et doctorants) et confirmés

 

Exil, erreurs, errances : l’expérience de l’ailleurs

(Moyen Âge-XVIIIe siècle)

 

L’espace des autres mondes, réels ou imaginaires, est, du Moyen Âge au XVIIIe° siècle, le lieu d’une ouverture de la littérature vers de multiples et divers « Ailleurs » géographiques et anthropologiques. Les récits de voyages réels en offrent une découverte culturellement médiatisée par des savoirs et des croyances antérieures qu’ils confortent ou bouleversent. Les récits de voyages imaginaires, merveilleux, utopiques, oniriques, mystiques en offrent une version fabuleuse source de réflexions sur les possibles latéraux ou alternatifs du réel. Ces mondes mythiques ou nouveaux inspirent également des genres nouveaux : viatiques (du journal de voyage au récit de pèlerinage), mais aussi dialogiques (entretiens avec des « sauvages »), utopiques, fantastiques (découvertes australes ou voyages dans la lune), spéculaires et polémiques (voyages d’étrangers réels ou fictifs en France) voire parodiques (itinéraires burlesques).

Il est donc possible d’interroger l’écriture du voyage, conçu à la fois comme thème et comme structure narrative

‑ pour les questions anthropologiques, philosophiques qu’elle pose, sur l’Autre et le Soi, l’endroit et l’envers, tant en termes de nature humaine que d’identité sociale et culturelle ou de modèles politiques ou religieux

‑ pour les ouvertures épistémologiques qu’elle engage, sur le vrai, le vraisemblable, le merveilleux, le fictif, le clos et l’ouvert, la norme et la relativité

‑ pour les expérimentations formelles qu’elle tente, en termes de métadiscours sérieusement ou ironiquement porteur d’illusion référentielle, en termes de présentation du différent par comparaison avec le même, en termes de dispositifs narratifs ou iconologiques de représentation de l’inconnu, en termes de jeux subversifs de minage des conventions par des inventions étranges ou étrangères.

Les espaces de recherches sont ouverts et multiples, comme les périodes, comme les types de textes ou d’images considérés, comme les méthodes d’approche utilisées. Si pour Sorel « les livres de voyages sont les romans de philosophes » et pour Furetière « les voyages sont les romans des honnêtes gens », ils seront pour nous une expérience de l’ailleurs, entre exil, errance et erreur.

« Erreur » et « Errance » sont en effet étymologiquement liées : à l’origine, l’idée commune d’un parcours sans direction précise, soumis aux aléas du hasard, de la fantaisie, du caprice. Dans la tradition judéo-chrétienne, l’homme est un homo viator, errant ici-bas dans un monde où toutes les tentations sont illusions, où l’erreur compromet le Salut. Et l’errant n’a pas bonne presse : tel adversaire d’Erasme (Erasmus) s’amuse à déformer son nom en « Errans mus », la souris errante. L’erreur n’est une méprise, une illusion, une faute, voire une aberration que parce qu’elle est d’abord, métaphoriquement, une errance morale ou intellectuelle, et confine à la faute. Les catholiques, à l’époque de l’émergence de la Réforme, dénoncent ainsi “ l’erreur luthérienne ” : l’erreur, ici, n’est pas anodine, elle est péché, hérésie, et peut conduire ici bas au bûcher, dans l’au-delà, à la damnation.

Doit-on en conclure de façon définitive à la nocivité de l’erreur et, par voie de conséquence, en raison de leur lien étymologique, à celle de l’errance, qui conduirait inéluctablement à la perte, à l’échec ? Alléguons au contraire l’errance de Christophe Colomb sur l’Océan, vers des horizons incertains, et l’erreur initiale sur l’objectif, les rives orientales de l’Asie : voilà qu’erreurs et errances conjuguées aboutissent à la découverte d’un continent jusqu’alors ignoré, font éclater la vérité, mettent à jour une erreur partagée par toute l’humanité depuis la nuit des temps, corrigent, enfin, l’erreur.

De l’erreur tragique à l’erreur lumineuse, de l’errance fatale à l’errance féconde, tous les cas de figure sont possibles, tant erreurs et errances sont protéiformes, tant les causes et les conséquences de l’une et de l’autre sont diverses. Erreurs et errances posent de multiples questions : celle de la norme, de la déviance, de l’écart, de l’Autre ou de l’altérité, de la lucidité et de l’égarement, de l’aberration, de la divagation, de la culpabilité, de la responsabilité, et celle de la vérité, de la correction de l’erreur dans des domaines variés qui ont tous partie liée à la littérature : domaine juridique, politique, religieux, moral, etc.

 

La Journée d’Etude aura lieu sous le haut patronage du Professeur François Moureau (Université de Paris-Sorbonne, fondateur du Centre de Recherches sur la Littérature des Voyages, www.crlv.org)

 

Les propositions de communication pourront être adressées avant le 31 mai 2014.

  • Pour la partie médiévale à Michele Gally [michele.gally@univ-amu.fr]
  • Pour le XVIe siècle à Jean-Raymond Fanlo [jean-raymond.fanlo@wanadoo.fr]
  • Pour le XVIIe siècle à Sylvie Requemora-Gros [requemor@orange.fr]
  • Pour le XVIIIe siècle à Stéphane Lojkine [stephane.lojkine@univ-amu.fr]
  • Pour les études comparées à Alexis Nuselovici [nuselovici@gmail.com]

 

Les communications seront publiées dans la revue en ligne du CIELAM, Malice.

Type d'événement :
Manifestation Cielam, Appel à communication