Résumé :
La question de la prose prend une coloration particulière quand il s'agit de cette prose spécifique qu'est celle qui prend en charge la parole directe du théâtre. On rattache alors souvent la prose au prosaïsme, lui-même lié à une certaine conception du réalisme. C'est donc l'occasion de réfléchir à ce que peuvent signifier ces notions, et cette équivalence intuitive entre prosaïsme et réalisme. Par delà la conformité à la réalité de la teneur des propos, il s'agit de penser le lien, que la langue du théâtre , langue essentiellement dialoguée, peut entretenir avec l'équivalent réel que seraient les conversations de la quotidienneté. A travers l'étude des formes de l'interrogation, il s'agit de montrer que certes certaines répliques entrent dans le cadre traditionnel du fonctionnement conversationnel, et participent ainsi à la progression thématoqie de la pièce; mais également que ces interrogatives sont plutôt le lieu des difficultés du dire, d'un enfermement dans la solitude du moi et de la perte de transitivité du langage adressé. Les interrogatives prennent alors la forme privilégiée d'incidentes détournant le fil du discours, de questions sans appel, ou sans réponse, d'actes de langage indirects. On retrouverait là un trait d'écriture moderne, qui se fait fiction en ce qu'elle représente ce qui précisément n'existe pas matériellement : la vie intérieure, les formes non verbalisées et objectivées de pensée.