- Chanson
- Cinéma
- Comédie musicale
- Musique de film
- Film musical
- Générique de film
- Chanson métadiscursive
Résumé :
Si le lien entre la musique et le cinéma semble bien établi et richement étudié, c'est parce que rien ne met en opposition ces deux arts et que leurs deux systèmes sémiotiques peuvent se superposer ; a contrario il faut bien penser que la relation de la chanson et du cinéma sera systématiquement conflictuelle car les deux genres contiennent du texte, des textes qui ne peuvent cohabiter qu'en s'excluant, qui ne peuvent s'entremêler qu'au risque de s'emmêler. Il y a a priori antinomie ; ce que viendrait confirmer la place relativement faible que le cinéma français a accordé à la comédie musicale qui ne s'est pas constituée en un genre comparable à ce qu'il est et ce qu'il fut dans le cinéma américain. Malgré cette opposition structurelle entre le genre chansonnier et le genre cinématographique dont on peut dire pour schématiser qu'ils appartiennent à des temporalités différentes, nous avons pu détecter quatre cas particuliers, devenus conventionnels et classiques, où les deux genres ont pu se tolérer et s'imbriquer. 1) La chanson se met à la marge temporelle : dans le générique pour le cas typique mais aussi dans une parenthèse où elle accompagne une ellipse temporelle ou un sommaire narratif 2) La chanson se diégétise : elle intervient dans le scénario parce qu'un personnage l'interprète ou l'entend ; le biopic serait la forme absolue de cet emploi. A l'inverse de ces deux glissements en douceur, il y aura des effractions plus tonitruantes dont on devine qu'elles ne le sont guère si le spectateur est décidé ou s'est accoutumé à les accepter et à en oublier l'illogisme. 3) La chanson comme invasion loufoque et source de mise à distance : le chef d'œuvre d'Alain Resnais On connaît la chanson est l'accomplissement le plus abouti de cette catégorie. 4) La chanson comme mise en rupture logique, brèche acceptée par convention avec le spectateur qui oublie de remarquer ou jouit de remarquer la puissance de subversion de cette intrusion chansonnière : c'est le film musical, celui des années 30, tout Jacques Demy, Huit femmes d'Ozon, Jeanne et le garçon formidable de Ducastel et Martineau, Les Chansons d'amour d'Honoré, etc.