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- Études postcoloniales
Résumé :
Comme l’a magistralement montré J. Derrida dans "Mal d’archive", le processus de consignation de l’archive va de pair avec une logique d’impression, de répression et de suppression . Ces trois termes – si on les entend dans une perspective coloniale – acquièrent une résonance particulière. En forçant quelque peu leur acception, ils en viennent à synthétiser les trois modes de domination de celui que l’on appelait l’indigène : purement et simplement supprimé, ou de façon moins radicale réprimé, ou encore « imprimé » au sens de « marqué », modelé par l’Empire. Dans une logique viciée, la « mimésis coloniale » fabrique en effet des « sujets coloniaux “réformés” », pour lesquels « être anglicisés [ou francisés], c’est emphatiquement ne pas être anglais [ou français] . » Quoi qu’il advienne ces agents demeurent, selon l’expression de Homi Bhabha, « almost the same but not quite », « almost the same but not white . » Aujourd’hui, pour mettre à nu les processus de sélection et de répression qui ont opéré, les artistes qui explorent les fonds de la bibliothèque coloniale articulent souvent le statut de l’archive (son existence, son absence, voire son refoulement) avec celui de l’indigène, deux données certes différentes, mais dont les traitements présentent une certaine similitude. Du même coup, loin de se poser en gardiens de l’archive, ils s’en font les interprètes irrévérencieux. Contre la logique de conservation propre à l’archive et face au déficit en matière archivistique dont ils souffrent, les artistes travaillent par découpage, montage, superposition et surimpression, dénaturant l’archive en lui donnant de nouvelles enveloppes, parmi lesquelles, au premier chef, le récit de fiction, littéraire ou cinématographique.