- C Phillips
- Cambrigde
Résumé :
The Final Passage" (1985), "Crossing the River", "The Sound of Atlantic" (2000) et "A Distant Shore" (2003), bien des titres des ouvrage de C. Phillips sont marqués de façon soit immédiate soit métaphorique par la mémoire coloniale transatlantique. Dans cet ensemble, j’ai choisi de faire un gros plan sur un roman, "Cambridge" (1991), qui confronte le discours du maître à celui de l’esclave. Prologue et épilogue mis à part, "Cambridge" est principalement composé de deux récits, imitant chacun une forme littéraire fortement historicisée. Les deux tiers du roman renferment le journal d’Emily Cartwright, une femme de trente ans envoyée par son père aux colonies à la fin du XVIIIe siècle. Le journal rapporte son voyage sans retour et sa découverte de l’univers caraïbe. À ce premier récit, fait suite l’autobiographie de Cambridge, un ancien esclave lettré, qui livre le récit de sa vie à la veille de son exécution par pendaison, condamnation qu’il encourt pour le meurtre de M. Brown, le régisseur de la plantation paternelle où réside Emily. Chacun de ces deux récits éclaire sous un jour différent le meurtre de M. Brown, perspective à laquelle s’ajoute celle de la troisième section, censée reproduire un article de journal rendant compte du même fait divers du point de vue des autorités coloniales. Ainsi, « en empruntant aux traditions du récit de voyage et du slave narrative (récit de vie d’esclave) […], [C. Phillips] reproduit par ventriloquie les productions littéraires des colonies. » Dans ce roman, j’ai choisi d’aborder une question précise : quelles sont les fonctions des archives fictives que C. Phillips donne à la lecture, sachant qu’il ne dissimule nullement leur statut fictionnel, mais respecte pour l’essentiel les codifications historiques des genres contrefaits ?