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Auteurs & Autrices :
  • July Joël
  • Chaudier Stéphane
Mots-clés :
  • André Gide
  • Les Faux-Monnayeurs
  • Ironie
  • Humour
  • Déception
  • Sarcasme
  • Narratologie
  • Stylistique
  • Statut narratorial

Résumé :

S'il fallait demander à un lecteur aguerri de Gide de dire ce qu'est une phrase gidienne, il est probable qu'il choisirait prudemment de répondre que tout dépend du genre littéraire pratiqué. Si l'on s'en tient aux Faux-Monnayeurs , il est tentant d'affi rmer que l'ironie constitue l'apport le plus signifi catif de Gide au renouvellement de la prose narrative française de son temps. De manière assez prévisible, l'ironie y fustige les attitudes bourgeoises et les discours philistins, mais aussi toutes les tentatives maladroites pour outrepasser les rôles sociaux, quels qu'ils soient. Ainsi, le lyrisme est-il fréquemment ironisé comme une manifestation d'insincérité. L'enjeu de cet article est de souligner à quel point l'ironie gidienne est polyvalente. L'étude des occurrences du mot « ironie » montre qu'elle est loin de fi gurer parmi les valeurs morales les plus hautes ; son principal intérêt est de confronter divers points de vue dans une même phrase, sans toutefois toujours les hiérarchiser. Ce faisant, l'ironie apparaît à la fois comme salutaire et menaçante puisqu'elle sape la confi ance légitime que les locuteurs font au langage, quand ils veulent communiquer. Si l'ironie vise bien à inquiéter les routines interprétatives, elle s'avère incapable de mettre un terme à la crise du sens qu'elle ouvre. C'est pourquoi, malgré ses vertus esthétiques et heuristiques, Gide ne tient pas l'ironie pour une fi n en soi ; elle doit conduire à une perception plus aiguisée du réel et souvent céder le pas à l'émotion.

Type de document : Journal articles