- Littérature contemporaine française
- Microfictions
- Régis Jauffret
Résumé :
Diacritik, 7 mai 2018 Régis Jauffret vient de recevoir le prix Goncourt de la nouvelle pour Microfictions, paru en janvier dernier. Si l'on ne peut que se réjouir qu'un prix littéraire couronne une oeuvre fondamentale, on notera cependant combien le jury a soigneusement contourné la mention « roman » portée sur la couverture et, ce faisant, décidé de considérer les Microfictions comme un recueil de 500 histoires et non un volume jouant avec maestria d'une tension entre fragment et flux, d'un (dis)continu et d'un (in)fini. Des échos, qu'il s'agisse de personnages et ou de thèmes récurrents, confèrent en effet une structure à ces Microfictions 2018 (comme d'ailleurs au volume précédemment publié en 2007) et lui assurent la part de linéarité propre à tout récit, quand bien même les chutes de chaque histoire provoquent des effets de rupture dans ce nappé. « Parfois je commence à dire une phrase qui s'arrête abruptement. Devant elle un précipice, le vide, le bout du langage et rien ne peut plus être dit. Une phrase en suspens qui en entier jamais ne sera pensée » (« Banquiers notoires », p. 46). Le jeu est constant entre construction d'un fil narratif — avec ses noeuds, ses effets de surprise, le retour de prénoms (Sacha, Héloïse), de scènes (mariages, séparations, naissance des enfants, meurtres, suicides, etc.) — et refus de toute chronologie voire de toute logique, sinon celle, alphabétique, des titres. Tout s'assemble et dissemble dans ce volume, depuis une structure narrative normée, quasi forme fixe (une page et demie par histoire) : la microfiction est un genre nouveau, dont l'essence est la disjonction. Régis Jauffret déclarait à Virginie Bloch-Lainé (Libération, 5 janvier 2018) être « contrasté, comme les microfictions. Le contraste est d'ailleurs l'humeur de l'époque :