- Chanson -chanson française
- Chanson contemporaine
- Stylistique
- Stylistique de la chanson
- Refrain
- Structure
Résumé :
Autour de l'objet chanson, il est à bon droit exigé que les recherches analytiques dont le texte même pourrait être l'instigateur premier soient adossées à une prise en considération des effets décuplés par sa mise en musique, sa mise en voix et sa mise en espace. Nous sommes d'ailleurs convaincu que le texte contient par lui-même des marques de fabrique populaires qui rendent prévisible son appartenance au genre particulier et polysémiotique de la chanson ; des marques comme la répétition, que les littératures fragmentaires ou poétiques peuvent elles aussi emprunter sans qu'il s'agisse pour autant d'une nécessité. Or en matière de répétition, l'outil stylistique, qui décrit les usages et les structures dans leur rapport avec les nécessités esthétiques et expressives d'une oeuvre, qu'elle soit verbale ou musicale, serait pertinent pour s'autoriser de féconds allers-retours entre le texte de chanson et l'air qui le porte. Pour éprouver cette mise en commun des postes d'observation, il y aurait un angle de vue intéressant : il s'agit du retour d'unités verbales et musicales qui se distinguent entre elles et fondent l'esprit même du genre chansonnier, la dichotomie couplet/refrain. Mais une difficulté viendrait de la nature même du refrain : soit se fier à son aspect structurel et ne retenir textuellement que les refrains réguliers qui présentent une autonomie graphique et syntaxique par rapport aux couplets, en reléguant d'autres répétitions, intégrées, elles, aux couplets (aux strophes) sans retenir les principes de décrochage thématique et énonciatif qu’elles recèlent et qui s'apparentent pourtant à la démarcation du refrain traditionnel ; soit se fier au contraire à l’aspect fonctionnel du refrain en tant que piétinement textuel à l’intérieur du déroulement chronologique et syntagmatique de la chanson et par là même accepter sous la dénomination refrain des structures textuelles qui musicalement ne proposeraient pas le même clivage que les refrains traditionnels. Face à cette ambivalence entre sa structure et sa fonction, comment évaluer le volume du refrain, le nombre de ses occurrences, les marges de variation qu’il se permet souvent et de plus en plus au long des décennies ? S’agit-il alors, lorsqu'il tend à se dissoudre ou devient verbalement minimal, d’un déni rythmique ou au contraire d’une mise à profit de l’accompagnement (partenariat) musical ? Le refrain, s’il n’est pas la brisure attendue dans une chanson, est-il plutôt une clôture ou une ouverture ?