Résumé :
De tous les écrits de Laurent Mauvignier, Le lien demeure sans doute l’un des moins connus et, de fait, des moins commentés. Publié en 2005, un an avant Dans la foule, qui reçoit le Prix Fnac 2006, cet ouvrage mérite pourtant bien tout notre intérêt, tant il contribue à mettre en lumière la « tentation du théâtre » qui innerve, de manière tout d’abord souterraine puis de plus en plus affirmée, l’œuvre de cet écrivain. Ce texte, à la croisée des genres, nous semble également révéler tout particulièrement les affinités électives, toujours subtiles, qui unissent Laurent Mauvignier au panthéon très riche des auteurs qui l’inspirent. Parmi ces artistes, Marguerite Duras, par les thèmes qu’elle aborde, la musicalité de son style et l’audace de son écriture – pour laquelle elle envisage tous les supports, du roman au cinéma en passant par le théâtre –, apparaît manifestement comme une figure tutélaire à laquelle Mauvignier a d’ailleurs rendu à de nombreuses reprises hommage. Après avoir montré que Le Lien constitue une première étape vers l’affirmation du désir de son auteur d’écrire pour la scène, nous nous attacherons à l’art du contrepoint que semble entretenir ce texte si atypique avec une courte pièce de Marguerite Duras datée de 1981, Agatha.