Résumé :
Se pasticher ou comment s'imiter pour se réinventer maxime decout Le nom d'auteur : on sait à quel point il vaut, aussi bien pour l'écrivain que pour son lecteur, comme une marque de fabrique, une signature. À quel point il adhère à une oeuvre, à ce qu'on appelle parfois un style. Mais l'écriture est-elle un bien que l'on peut posséder ? N'y at -il pas là l'illusion d'une autonomie et d'une plénitude rassurantes ? Car toute écriture est aussi pétrie d'influences et soumise à l'irruption des mots des autres. Voilà qui menace l'identité qu'un auteur s'attribue. Cette situation, que j'avais explorée dans Qui a peur de l'imitation ?, peut être source d'effroi et diriger toute une oeuvre 1. Il existe pourtant une parade pour celui qui cherche, coûte que coûte, à affirmer son nom d'auteur en se prémunissant des assauts de l'autre et de son style : s'imiter soi-même, pratiquer l'autopastiche. Il s'agirait ainsi, à travers le prisme singulier de la relation à sa propre écriture induite par l'autopastiche, d'explorer non directement la question du nom d'auteur, mais ses confins. C'est-à-dire là où elle se manifeste sous des formes moins évidentes mais tout aussi décisives. Pour cela, le style sera considéré comme une signature et le nom d'auteur comme une métonymie du style. Car si le lecteur associe spontanément un nom à une écriture, il demeure malgré tout que le Rousseau des Confessions n'est pas tout à fait le Rousseau de La Nouvelle Héloïse tout comme la Duras de L'amour n'est pas la Duras de L'été 80, même s'ils portent le même nom. C'est donc une certaine illusion de