Résumé :
De petite noblesse provinciale, Henriette de Marans bénéficie de l’éducation soignée dispensée à ses frères et profite de la riche biblio- thèque familiale. « Je veux écrire ! » : cette formule ardente traduit son ambition de faire œuvre à un moment du xviiie siècle, où s’impose la figure du philosophe. Dès lors, elle s’engage dans l’écriture de journaux, où elle confie ses émotions, livre ses découvertes et transmet ses pensées sur le monde. Lectrice assidue et savante, elle revendique une étonnante liberté de pensée et arpente, plume à la main, les ouvrages anciens et modernes. Ses trois journaux courent de 1752 au milieu des années 1760. Ils forment un ensemble composite de recettes d’apothicaire, chansons, poèmes, notes de lecture, mais recueillent les pensées secrètes d’Henriette, ses doutes et ses réflexions sur l’amitié, le couple, l’égalité des sexes, la tolérance, la machine humaine, la liberté face à Dieu... Témoignage exceptionnel de la pénétration des idées des Lumières en province, ces écrits plongent le lecteur dans les débats intérieurs d’une intellectuelle sensible, tentée par l’incrédulité. La présente édition offre la publication in extenso de manuscrits originaux, accompagnée de notes critiques et d’un cahier d’illustrations, commodes pour se familiariser avec les Lumières et les réalités vendômoises. elle lève le voile sur l’attribution des Pensées errantes suivies de Lettres d’un Indien (1758), issues de la collaboration d’Henriette de Marans et de Bonne-Charlotte de Bénouville.