Résumé :
En 1624, Jean Gallaup de Chasteuil publiait un compte rendu de l’entrée royale de Louis XIII dans la ville d’Aix en 1623. Cette entrée fut ponctuée, tout au long du trajet du souverain dans la cité, d’arcs de triomphe qui étaient autant d’étape destinées à représenter l’histoire de la Ville et à souligner la fidélité de la Provence au roi. Ce programme architectural de bois et de carton, orné de statues en trompe l’œil et de scènes peintes, fut conçu par Jean Gallaup qui en fournit l’exégèse ekphrastique dans son Discours. Toutefois, ce discours se singularise de la tradition de l’introït royal en faisant le choix de références pas uniquement mythologiques, mais aussi médiévales : évergétisme des comtes de Provence et vitalité de la production poétique des troubadours sont au cœur de ce programme architectural. Par un effet de mise en abîme, Jean Gallaup y produit un discours horatien soulignant à quel point les édifice architecturaux érigés à la gloire du roi sont promis à la destruction et à l’oubli, tandis que seule la poésie reste éternelle et rend la gloire du roi elle-même éternelle. Ce Discours propose donc une réflexion sur la valeur mémorielle de la poésie et de l’architecture. Il consiste aussi en un appel nostalgique au souverain à se faire évergète afin que refleurisse la production poétique provençal et, sur le modèle médiéval de Raymond Bérenger et des troubadours, une relation nouvelle entre le Prince et le Poète.