Résumé :
Frontières, bords, limites : d'un bord à l'autre de la Méditerranée, où se joue la crise migratoire ; d'un bord à l'autre de l'œuvre de Derrida, où la bordure opère son travail déconstructif ; ou prenant les textes bord contre bord, pour faire apparaître une échancrure, un désajointement, une économimésis ; ou montant à bord des grands débats contemporains, s'engageant dans le politique et dans le climatique, pour l'animal et pour l'humaine condition… mais est-ce engagement quand, pour Derrida, il s'agit de renverser les bords du problème, de faire apparaître les disruptions des discours où ils sont pris ? Dans La Vérité en peinture, Derrida fait remarquer que bord et board sont de même racine : d'un côté une limite, le péril d'un "par dessus bord" ; de l'autre la plénitude d'une surface, une planche sur laquelle on peut marcher, un territoire d'appropriation. D'un bord l'autre se joue la déconstruction, ses méthodes, ses engagements, ses ambiguïtés. C'est à un état des lieux, nécessairement provisoire, sur la révolution de la déconstruction qu'invite ce numéro de revue, supplément d'un colloque resté suspendu au moment où tout, dans le monde, se figeait… au bord…