- Adamov
- Théâtre
- Religion
- Politique
- Guerre froide
- Communisme
Résumé :
La thématique de la religion est absente des premières pièces d'Arthur Adamov, La Parodie ou encore La Grande et la Petite manoeuvre, mais également du Ping Pong, qui marque pourtant un infléchissement de son écriture vers une plus grande prise en compte du réel. Elle n'intervient que dans Paolo Paoli, en 1957, puis dans Le Printemps 71 et dans Sainte Europe : c'est en effet à partir du milieu des années cinquante que l'auteur transforme son théâtre en tribune, sur le modèle brechtien. Le durcissement de la guerre froide et le retour de de Gaulle à la tête de l'Etat ne sont certainement pas étrangers à ce changement. A compter de cette période, il s'agit pour le dramaturge de servir la cause du parti communiste : la religion et ses représentants vont dès lors constituer une de ses cibles de prédilection, sur un mode qui, nous le verrons, est particulièrement conventionnel. Paradoxalement, il nous semble que là réside l'intérêt de l'étude que nous nous proposons de mener : montrer comment, au nom de son engagement politique, un artiste novateur tel qu'Adamov encombre son théâtre de topoï au point de lui faire perdre une part de sa pertinence. La dénonciation de la collusion du clergé avec le pouvoir financier est une constante sous la plume du dramaturge. Ce qui évolue, en revanche, ce sont les ressorts qu'il utilise pour parvenir à cette fin, même si ces ressorts, nous le verrons, se révèlent décevants en raison de leur caractère manichéen. La stratégie déployée dans Paolo Paoli se voit en effet infléchie à compter du Printemps 71 puis de Sainte Europe : il convient de comprendre selon quelles modalités et au nom de quels motifs intervient cette transformation. Pour ce faire, nous adopterons une perspective chronologique, en nous penchant tour à tour sur les trois pièces dont nous venons de citer le titre.