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- Ibsen
- Tanguy Viel
- Jean-Luc Lagarce
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- Ibsen
- Tanguy Viel
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Résumé :
Si, pour reprendre une formule de Gilles Deleuze, « le devenir est géographique », qu’en est-il du revenir ? Que dit ce mouvement de boucle, de retour vers le chez soi qui inverse l’élan vers l’ailleurs, fondateur de la littérature ? C’est à ces questions que tente de répondre cet article. Si, dès l’antiquité, on relève l’emploi d’une telle construction dans "L’Orestie" d’Eschyle ou Œdipe-roi de Sophocle par exemple, on s’est attaché ici à un corpus beaucoup plus récent. Le procédé est en effet envahissant dans la fiction contemporaine, tant dans les formes littéraires sophistiquées ("Juste la fin du monde" [1990] de Jean-Luc Lagarce, "Paris-Brest" [2009] de Tanguy Viel) que dans des productions beaucoup plus populaires qui retravaillent le récit de filiation ("The Monsters of Templeton" de Lauren Groff [2008] et "Heart Spring Mountain" de Robin MacArthur [2018] aux États-Unis, par exemple). On note également la récurrence de cette structure dans un grand nombre de séries, parmi lesquelles, pour les États-Unis, "Sharp Objects" (2018) de Jean-Marc Vallée, "Les Sauvages" (2019) en France de Rebecca Zlotowski, "Patria" (2020) d’Aitor Gabilondo en Espagne. Afin d’appréhender plus finement le procédé et ses répercussions sur la fable, on s’est appuyé, dans un premier temps, sur Les Revenants (1881), pièce de Henrik Ibsen, que l’on a considérée comme emblématique des dramaturgies du retour fondées sur la rétrospection, si chères au XIXe siècle. Les enjeux d’une telle forme ainsi mis au jour, on a pu interroger le fonctionnement du procédé au sein de la temporalité sérielle ("Patria" et "Sharp Objects"), après quoi on a abordé des textes –"Juste la fin du monde" et "Paris-Brest" –, qui perturbent la logique du secret traditionnellement liée à cette forme, pour nourrir une poétique de la répétition.