Résumé :
Au cœur de la gamme chromatique du roman sentimental de la Révolution française, le rose s’illustre dans l’idylle et le noir dans la fiction d’inspiration gothique. Sous l’effet de l’histoire révolutionnaire, le genre sensible se modifie et aboutit à une thématique propre, après la Terreur. Pour analyser la notion d’hybridité et son opérativité dans ce champ littéraire, Jean-Claude Gorjy, héritier de l’anglais Laurence Sterne en France, reste une référence. Du Nouveau Voyage sentimental (1788) à Ann’Quinn Bredouille ou le petit cousin de Tristam Shandy (1791-1792), le rose s’oppose au noir, illustrant une galerie de personnages types (bergers, insurgés), d’attitudes (badinage amoureux, violence), de scènes ou de lieux convenus (réjouissances rustiques, châteaux incendiés). Or, Gorjy fait de la métamorphose (processus) du rose en noir – et non leur hybridation (état) – le signe fatal du chaos politique en cours et de la victoire des Ténèbres.