Résumé :
The Rape Tree Un arbre dans le désert du Sonora, proche de la frontière entre le Mexique et les États-Unis. L'arbre, dépourvu de feuillages, n'est pourtant pas nu : des culottes y sont suspendues, de toutes tailles, de tous âges, très simples ou ornées de dentelles. Ces culottes abandonnées, exposées aux intempéries seraient des trophées exhibés par les violeurs pour illustrer leurs sombres exploits. Le trophée, dans l'Antiquité grecque, est précisément cela : la dépouille d'un ennemi vaincu suspendue aux arbres par les vainqueurs. Ici, pas de dépouille physique, mais une trace fragile, exposée aux intempéries, comme un indice terrible renvoyant à une violence à la fois muette et exhibée. L'insupportable réside dans ce paradoxe : tout en étant une exhibition, le trophée est négation et invisibilisation du corps, du genre, et de la dignité inaliénable de l'être humain. Combien de migrants empruntent clandestinement les voies dangereuses à travers le désert ? Il est difficile de le savoir précisément. L'hostilité des éléments naturels dans le désert est telle qu'elle ne permet pas une conservation des corps qui se dégradent très vite, avant qu'on puisse les retrouver. Le désert, immense, l'est rendu encore davantage par la militarisation croissante de la frontière qui oblige les migrants à de plus grands contournements, aux confins du désert, loin des contrôles et des postes frontaliers. Les femmes, en particulier, sont soumises à la violence sexuelle : pour beaucoup, venues d'Amérique centrale, la résignation est telle qu'elles prennent la pilule, certaines d'être violées sur le chemin.