En-sang. Olfaction, cruauté et surnaturel dans La Marquise de Sade (1887) de Rachilde et Le Martyre de Saint-Sébastien (1911) de Gabriele d’Annunzio

Résumé :

Cet article aborde la représentation sensorielle du sang depuis un angle olfactif. Tenant compte de l’intérêt particulier de la culture française et francophone du second XIXe siècle pour tout ce qui touche à l’expérience de l’odorat, il s’agit ici d’explorer les formes et les enjeux d’une association culturelle particulièrement ancienne entre le sang répandu et l’excrétion des sèves aromatiques. L’article convoque des exemples issus de deux œuvres littéraires utilisant largement cette association (La Marquise de Sade de Rachilde et Le Martyre de Saint-Sébastien de Gabriele d’Annunzio) pour contextualiser et articuler des préoccupations non seulement liées au développement balbutiant de la proto-sexologie, mais aussi aux interrogations de l’Europe dite « fin-de-siècle » à propos des questions religieuses. Le sang senti se fait vecteur d’expériences sexuelles et sensorielles « limites », en ce qu’elles touchent aux confins du sacré.