- Admiration
- Rhétorique
- Le Menteur
- Corneille
Résumé :
À l’occasion du programme de l’Agrégation 2025, il s’agit de montrer que Pierre Corneille, inventeur du style naïf en régime comique dans les années 1630, renouvelle les formes de sa pratique de la comédie quand, après une dizaine d’années consacrées à la tragédie, il s’empare à nouveau du genre en produisant, lors de deux saisons consécutives, Le Menteur (1644) et La Suite du Menteur (1645). C’est à cette première pièce que cet article s’intéresse, pour faire apparaître que les quatre narrations mensongères du personnage de Dorante, véritables morceaux de bravoure à l’éloquence virtuose, sont à l’origine de la jubilation que le spectateur ressent à l’occasion du spectacle, ce qui en a assuré le succès. Insérer dans la comédie ces narrations admirables, héritées du modèle espagnol, n’était toutefois pas sans présenter plusieurs écueils : risque d’ennui, invraisemblance, gratuité dramaturgique, superfluité ornementale, etc. Corneille résout l’ensemble de ces difficultés en montrant une connaissance profonde des principes de la rhétorique et des débats des théoriciens du temps au sujet du théâtre. Lui qui avait fait de l’admirable un nouveau ressort de la tragédie réussit le pari d’en faire un affect primordial de la comédie, créant de ce fait une continuité entre ses pièces tragiques et sa nouvelle comédie, qui a des prolongements réflexifs autour de la question des dangers de la fascination du langage.