- Afrique de l’Ouest
- Migrations féminines
- Écritures de soi
- Récits de voyage
- Récits de filiation
- Récits de deuil
- KEN BUGUL
- Mariama NDOYE
- Véronique TADJO
- Catherine SHAN
- Sylvie KANDÉ
Résumé :
Voyages au féminin et subjectivations transafricaines Version de travail de : Mazauric, Catherine (2014), « Voyages au féminin et subjectivations transafricaines », in La Migration prise aux mots. Mise en récits et en images des migrations transafricaines, C. Canut, C. Mazauric (dir.), Paris, Le Cavalier bleu, p. 47-61. ISBN : 978-2-84670-539-4. Le recueil et l'analyse des paroles de celles et ceux qui, en Afrique, plus souvent que migrants, se diront simplement voyageurs, et la collecte et l'investigation des oeuvres – musicales, cinématographiques, plastiques, littéraires – ayant trait aux multiples formes prises par la migration sur le continent poursuivent les mêmes objectifs : se mettre à l'écoute de ces paroles, de ces discours, afin de porter attention, dans les contextes où ces propos s'énoncent, aux significations qui s'en dégagent, pour celles et ceux qui les formulent et avec qui ils sont échangés ; discerner dès lors les imaginaires dont ces paroles, ces oeuvres sont porteuses, et qui, sous les pas et le regard des voyageurs, dessinent des mondes en devenir. Or, dès lors qu'il s'agit de phénomènes sociaux, l'on ne saurait négliger l'indéniable dimension sexuée – ou genrée – inhérente tant aux migrations qu'aux productions symboliques dans leur ensemble. On se propose donc, en prenant appui sur des oeuvres littéraires, d'interroger les voyages et leurs récits du côté des femmes. Depuis le milieu des années 1970, et pour se cantonner à l'Afrique de l'Ouest, les récits littéraires produits par des femmes, et ayant trait plus ou moins largement et directement au voyage, voire aux phénomènes migratoires, sont en réalité assez nombreux. Aussi le propos visera-t-il à une forme de synthèse, tout en privilégiant les oeuvres qui, outre qu'elles forment la représentation de parcours migratoires sur le continent africain, manifestent également le déploiement de la parole d'un sujet migrant qui s'y énonce. Précisons à cet égard que, pour nous, cette énonciation suppose qu'il s'y redise autrement, ne cessant de s'y reformuler, « toujours déjà en devenir » (Delas, 2001 : 14) : aussi ne s'agit-il pas, pour l'écrivain ou l'écrivaine en tant qu'individu, d' « exprimer » le caractère inaltérable d'un être qui préexisterait au mouvement de sa parole, mais plutôt, pour un sujet que traverse le langage et qu'habite un bruissement de voix, de tracer une voie toujours à défricher, en s'inventant continûment à travers l'écriture.