- Qur'an Latin Qur'an Robert of Ketton Juan of Segoviaislam Peter the Venerable
- Coran Coran latinRobert de Ketton Jean de Ségovie islam latinité Pierre le Vénérable
Résumé :
En utilisant les outils de l’analyse littéraire et grammaticale pour scruter les choix opérés par deux traducteurs latins du Coran, on se demande ce que peut être au Moyen Âge et à la Renaissance un décentrement du point de vue latin sur l’islam, à quels obstacles ce décentrement s’est heurté, et si ces obstacles purent être surmontés. Il apparaît alors que Robert de Ketton compose une version latino-centrée, quand celle de Jean de Ségovie est arabo-centrée, bien au contraire. Du XIIe au XVe siècle, un point fondamental n’a pas changé : le Coran, la langue arabe et le monde musulman en général ne peuvent pas faire l’objet d’un discours critique, au sens où il procéderait d’un jugement raisonné ; ils enclenchent un mécanisme d’ordre passionnel. Cette religion, cette langue et ce monde restent, pour les traducteurs, les lieux d’une altérité qui ne peut subsister en tant que telle. Qu’ils la ramènent vers eux ou qu’ils se fondent en elle, il s’agira de toute façon de la nier en tant qu’altérité.