Résumé :
André Du Ryer donne en 1647 la première version connue du Coran en français. Alors que le libertinisme a déjà pris son essor, mais que la tolérance religieuse ne s’entend évidemment pas dans le sens où nous la prendrions aujourd’hui, ce traducteur rencontre-t-il des difficultés à présenter le Coran ? Si oui, quelles stratégies discursives doit-il adopter pour rendre son travail acceptable du public et de la censure ? Par ailleurs, prise depuis un point de vue islamique, la question du droit de traduire pourrait s’entendre de façon différente. Le Coran étant réputé inimitable, selon une tradition qu’il faudra présenter, sa traduction vers une autre langue que l’arabe ne va pas de soi. Dans quelle mesure un orientaliste français du XVIIe siècle tel que Du Ryer donne-t-il à son lecteur les moyens de le percevoir ? On verra que cette autre question a peut-être des implications politiques, elle aussi. Il nous a semblé opportun de la poser dans un volume sur l’interculturalité. Notre propos aurait été ironiquement hémiplégique, s’il n’avait pas recherché cette sorte de décentrement.