Romain Gary n’est pas tout à fait devenu un classique. Peut-être est-ce là un indice pour le lire vraiment : parce qu’iconoclaste et inclassable, son œuvre résiste à cette appellation. S’il est l’un des auteurs les plus lus, il fait figure de marginal dans les Lettres françaises. L’écrivain a cultivé le mythe de l’affranchi, il a entretenu le doute sur sa biographie, brouillé les pistes, recouru aux pseudonymes, bravé la bienséance littéraire, choqué par ses déclarations à brûle-pourpoint, son irrévérence continue, sa désinvolture face aux canons du style et son humour provocateur. Mais Gary est aussi un nom qui charrie une imagerie et se fige parfois en icône. Pour le lire, il s’agirait donc de ne pas le réduire à quelques traits biographiques (le séducteur, le mari de Jean Seberg), à quelques prouesses littéraires (les deux Goncourt et l’imposture Ajar) ou à quelques livres fétiches (Les Racines du ciel, La Promesse de l’aube). Car Gary, c’est avant tout une voix singulière, aux tonalités multiples. La voix d’un écrivain engagé, fidèle à la France libre et De Gaulle, celle d’un romancier en révolte contre l’étroitesse des idéologies, qui toujours a célébré le refus de désespérer et la force de l’idéal. Un clown lyrique, un mangeur d’étoiles, un enchanteur, comme le disent si bien ses titres.
Editeur :
Gallimard
Année :
2019
Revue, Collection, Ouvrage collectif :
Bibliothèque de la Pléiade
Type de production :
Livre
n° ISBN (ou ISSN) :
9782072805431