Participation au dictionnaire.
Giraudoux reste un des très grands noms du théâtre de l’entre-deux-guerres, mais des controverses brouillent la réception de son oeuvre : trop littéraire, trop rêveuse, suspecte de pacifisme, voire de trahison des idéaux républicains qui l’ont nourrie. Son esthétique romanesque, plus novatrice et corrosive qu’on ne croit, et qui avait marqué successivement Gide, Proust, Thibaudet, Blanchot, Aragon, et jusqu’à Jean-Luc Godard, est à redécouvrir.
Cet ouvrage, rédigé par une équipe internationale de spécialistes issus de plusieurs disciplines (littérature, philosophie, histoire, urbanisme, cinéma), ne néglige aucune investigation dans le tissu de l’oeuvre, en recense les thèmes profonds et en restitue la cartographie. Les mises en perspective historiques sont précises, et aucune polémique n’est ignorée. Intégrant les travaux les plus récents de la très vivante critique giralducienne, ce dictionnaire entend ne pas dissocier le soldat patriote, le « fantaisiste » si proche parfois des surréalistes, le romancier qui écoute les sirènes du sublime mais qui désespère du monde tel qu’il va, l’homme de théâtre épris du « beau langage » mais qui voit dans la scène une tribune, l’humaniste qui se veut conscience civique, le critique littéraire qui découvre l’ascèse de ce qu’il appelle déjà « l’écriture ». Car l’imaginaire de Giraudoux est un et traverse tous les genres. C’est celui d’un auteur qui a porté au plus haut – peut-être un peu trop – la foi dans une nation littéraire.