
Cette correspondance, quasi intégrale, entre Larbaud et Dujardin, qui a été établie à partir du fonds Valery Larbaud de la médiathèque de Vichy et le fonds de l’Université du Texas à Austin (« Édouard Dujardin Papers » du Harry Ransom Center), fait le récit d’un écrivain symboliste de la Belle Époque qui resurgit, d’une manière tout à fait inattendue, au beau milieu des Années folles, en plein modernisme. Dans une lettre du 17 août 1923, Dujardin confie à Larbaud : « Vous avez apporté une grande joie et un grand réconfort à mes cheveux blancs. Il est certain que si votre lettre m’était arrivée trente-cinq ans plus tôt, elle aurait eu une grande influence sur ma carrière littéraire ! » La réaction peut se comprendre dans la mesure où l’éminente nouveauté formelle que constituait le monologue intérieur des Lauriers sont coupés n’attira aucune attention critique lors du premier tirage en 1887. Larbaud rendit hommage à Dujardin et le réhabilita comme le précurseur du monologue intérieur qui fit le succès de Ulysses de James Joyce. Les lettres entre les deux hommes détaillent toutes les étapes de cette « revie » littéraire.