Après des décennies d’indifférence et d’oubli, Camille Claudel est devenue ce que l’on appelle une « icône ». Il existe désormais des écoles, des rues, des places, des « espaces » qui portent son nom. Elle a son musée et son festival. La cote de ses œuvres s’envole. On ne compte plus les récits, les romans, les fictions plus ou moins documentées... qui capitalisent sur son histoire.
Ce livre-ci n’est pas un roman. Son propos n’est pas d’ajouter une fiction aux fictions qui existent. En interrogeant les documents -tous les documents – échappés aux destructions fortuites ou délibérées, il s’efforce de restituer le visage d’une femme violemment singulière et de relater son histoire au plus près de ce que les archives permettent de dire aujourd’hui.
Il interroge la passion précoce et singulière pour la sculpture ; les amours avec Rodin, bien sûr ; les relations ambivalentes dans un étrange milieu avec une étrange famille: avec son frère Paul (« mon petit Paul »), son père, sa mère, et aussi la jeune sœur Louise, si méconnue et dont le rôle a sans doute été décisif. Il décrit le réseau d’amis, d’admirateurs, de relations -artistes, amateurs, écrivains...- qu’elle conserve dans sa solitude. Il ne dissimule ni un antisémitisme obstiné, ni les circonstances de l’internement. Il rappelle que si elle a été sculptrice, elle a aussi été un peintre et une dessinatrice de très grand talent.
À distance du légendaire, à l’écart des polémiques, ce livre voudrait se tenir au plus près de ce qui a été.