Impossible d’énumérer les circonstances qui font de la chanson, de sa création à sa réception, un art collectif. Intermédiale, sa fabrication mêle souvent plusieurs talents et la forme la plus accomplie de sa performance, son expression sur scène, se fait devant un auditoire. D’un côté un ensemble d’artistes et de techniciens qui se la partage ; de l’autre une assemblée d’individus qui la partage. Collective aussi car elle est fondée sur un rythme qui incite à la participation et opte pour des styles musicaux qui peuvent être communautaires ; car on assiste aujourd’hui à une forte patrimonialisation du répertoire ; enfin car la mode est aux groupes, aux reprises en duo, aux featurings.
Or, paradoxalement, nous avons l’impression (l’illusion ?) que la chanson, profondément individuelle, émane exclusivement de la bouche qui la chante, pour nous seuls qui l’actualisons en l’écoutant. Elle se met à la disposition de nos affects de consommateurs et semble nous livrer, parce que les mots sont portés par la voix (et le corps) de l’artiste, les secrets de son âme dans la forme la plus authentique qui soit : ces aveux, qu’il ne saurait dire sous le régime banal de la voix qui parle sans risquer le ridicule de l’emphase, du cliché ou de l’insincérité, le chant les lave, et en décuple les vertus ; peut-être cette appropriation est-elle permise parce que la chanson vient nous raconter, toujours, quelque chose qui nous ressemble, incomplètement, au bénéfice d’un instantané. Qu’est‑ce qui rend alors, malgré le contexte, le processus d’identification si aisé ?
Nbre ou N° pages :
346 p.
Editeur :
Presses Universitaires de Provence, Aix-en-Provence
Année :
2016
Revue, Collection, Ouvrage collectif :
Chants Sons
Type de production :
Direction d'ouvrage
n° ISBN (ou ISSN) :
9791032000717