Nous n’entrons pas seulement dans une « époque de terreur » : nous entrons dans une époque de terreur et de pitié. Le climat nous épouvante, le sort du vivant nous afflige — Nous sommes malades d’écophobie et malades d’écopathie. Ce nouveau sentiment tragique trahit le retour d’un contexte excédant notre maîtrise. Nos modes de pensée s’en ressentent : sciences humaines et humanités ont entrepris d’acclimater leur épistémologie au grand souci écologique. Nos modes de pensées et nos manières de vivre. L’anthropocène n’a rien à voir avec une ère géologique ; c’est la métaphore obsédante d’une angoisse (Angst) documentée qui ne laisse pas l’esprit dormir. Il y a celles et ceux qui y sont déjà entrés ; il y a celles et ceux qui s’y noient entièrement, en perdent le repos, y perdent la mesure ; et il y a celles et ceux qui vivent encore comme avant, curieusement échappés à sa cloche d’insomnie.
Ce numéro de Fabula LHT intitulé « Écopoétique pour des temps extrêmes » s'articule au dossier d'Acta Fabula coordonné par Christine Marcandier et Jean-Christophe Cavallin.