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Auteurs / Autrices :
Nbre ou N° pages :
221 p.
Editeur :
Presses universitaires de Provence
Année :
2011
Revue, Collection, Ouvrage collectif :
Textuelles
Type de production :
Direction d'ouvrage
n° ISBN (ou ISSN) :
978-2-85399-788-1
Couverture Fictions de la rencontre

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On ne raconte pas d’histoire, on ne représente pas de scène sans rencontre : nul doute que la rencontre constitue l’une des matrices les plus riches de la topique romanesque. Mais que doit-on précisément entendre par « rencontre » ? L’étude du Roman comique de Scarron, qui en décline toutes les variations de l’amour le plus pur au burlesque le plus cocasse, permet de s’interroger sur une notion beaucoup plus complexe qu’elle n’en a l’air. À côté des classiques scènes de rencontre amoureuse, de première rencontre, on voit alors surgir des rencontres d’animaux et d’objets, mais aussi des rencontres de mots et, au-delà, de cultures. Il ne s’agit ici ni de jouer sur le mot, ni simplement d’établir une classification, mais de réfléchir à l’intéraction de ces niveaux de la rencontre, qui constitue un dispositif fictionnel d’une redoutable efficacité. Le Roman comique se trouve ainsi éclairé d’un jour nouveau, où la physique d’Aristote et de Descartes, la circulation du théâtre au roman, l’agencement de la matière espagnole, le traitement distancié de l’héritage pétrarquiste et baroque, le passage à l’image par l’illustration, prennent sens non seulement comme moment de l’histoire littéraire française, mais comme creuset théorique de la fiction.

« On n’y voit rien » part d’un constat : les scènes de rencontre, dans Le Roman comique, sont rarement des scènes « de première vue » (J. Rousset). Soit masque, soit obscurité, soit stratagème, Scarron déjoue systématiquement le regard. Contre le dispositif scénique qui émerge dans l’écriture narrative de son époque, Scarron revendique d’abord le burlesque et l’angoisse de la nuit et du désordre : dans l’auberge du Mans, le Destin participe à un combat de nuit ; chez lui, La Rappinière se trouve embroché par une chèvre en croyant déjouer un rendez-vous galant ; dans l’histoire enchassée de l’amante invisible, dom Carlos pourrait éternellement ne pas voir celle qu’il aime sans son intervention comme une autre, comme Porcia. Peu à peu, le tumulte liminaire de l’« on n’y voit rien » est remplacé par une économie de la méconnaissance (l’identité cachée de Léonore) qui elle-même prépare l’instauration de la reconnaissance : la rencontre à Nevers, et la chute de Ragotin et de Roquebrune, fixent les figures, assignent positions et identités, et instaurent, à l’horizon pacifié du roman, la scène classique.