L’écran se manifeste d’abord dans l’œuvre comme un objet concret : main sur un visage, voile devant une gorge, rideau de théâtre ou ciel de lit, paravent, porte entrebâillée, l’objet implique une mise en espace du texte, une formalisation du regard, l’installation d’un dispositif.
L’objet concret révèle alors un enjeu théorique fondamental : ce qui est caché, ce n’est pas ce qui se trouve immédiatement là derrière, c’est le processus même et les enjeux de la représentation. Si l’historien des brouiloons et des archives achoppe face à l’énigme de la représentation, c’est que l’œuvre occulte nécessairement, ou déplace les enjeux qui l’ont motivée : quelque chose, au cœur de l’œuvre, fait écran. L’écran qui est représenté concrètement dans l’œuvre renvoie au processus abstrait de ce qui fait écran dans la représentation.
Ce livre cherche à articuler ces deux niveaux, matériel et spatial d’une part, théorique et symbolique d’autre part. Selon les œuvres et les époques, les mêmes objets ne font pas écran de la même façon : coupure, enveloppe, projection, superposition, les déclinaisons de l’écran dessinent une histoire de la représentation.
Lire l'introduction sur Utpictura18 : « Représenter Julie : le rideau, le voile, l'écran »