Quand la fiction prend pour objet le « passage clandestin de frontières », on fait l’hypothèse qu’au-delà de la critique de leur légitimité démocratique ou de la représentation de parcours irréguliers, elle travaille esthétiquement, depuis un principe d’égalité, les répartitions des espaces, des corps et des sujets. En contrepoint au recueil de correspondances initié par Nicole Caligaris et Eric Pessan, Il me sera difficile de venir te voir, cinq romans (Douce France, de Karine Tuil, Les Clandestins, de Youssouf Amine Elalamy, Samba pour la France, de Delphine Coulin, Black Bazar d’Alain Mabanckou et Trois Femmes puissantes de Marie NDiaye) font envisager plusieurs aspects de ce travail : la mise en forme d’une expérience de liminalité, différentes esthétiques du mur, la négociation renouvelée des identités, l’écriture mobile d’une subjectivité impersonnelle.
Mots-clés : migration irrégulière ; frontières ; esthétique ; subjectivité.