L’événement devient une notion opératoire pour la représentation au milieu du XVIIesiècle, lorsque la dramaturgie aristotélicienne est adaptée au théâtre classique français. L’événement est alors conçu comme «catastrophe», et sa construction consiste à resserrer au maximum, avant lui, les incidents qui y conduisent. Le choix de l’instant, en peinture, aiguise encore cette approche rétrospective de l’événement, obligeant le peintre à penser sa composition comme un système de groupes, de circonstances hétérogènes et de figures en mouvement, c’est-à-dire menacées par la défiguration. Peu à peu, l’événement n’est plus pensé comme dénouement de l’intrigue, mais comme nouage de temporalités hétérogènes, autour d’une idée qui devient action: l’idée s’incarne alors comme imago, qui conjoint l’avenir d’un projet, la négation d’un passé et la mise en œuvre d’un présent. Mi réelle, mi idéale, l’imago se mue de figure en fantôme, et l’événement se spectralise. L’événement spectral de la fin des Lumières cesse à son tour d’être opératoire aujourd’hui.
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