Directeur(s) / Directrice(s) de l'ouvrage :
Jean-Yves Laurichesse
Nbre ou N° pages :
p. 81-95
Editeur :
Presses Universitaires du Midi, Toulouse
Année :
2015
Revue, Collection, Ouvrage collectif :
Littératures, n°73 : Figure historique et personnage romanesque
Type de production :
Article dans une revue
n° ISBN (ou ISSN) :
978-2-8107-0409-5
Le général d’artillerie Jean-Pierre Lacombe Saint-Michel (1753-1812) fut une figure de la Révolution et de l’Empire: député du Tarn à la Convention, membre du Comité de salut public, commissaire aux armées, ambassadeur à Naples, gouverneur de Barcelone… Colosse impétueux, il fut aussi un homme des Lumières, lecteur de Rousseau, auteur de réflexions, de souvenirs, de poèmes, et l’époux inconsolable d’une jeune protestante hollandaise morte à 33 ans.
Son descendant en ligne directe, Claude Simon (1913-2005), prix Nobel de littérature en 1985, avait été fasciné enfant par le buste de marbre du général trônant dans le salon familial. Il a fait de lui, sous les initiales L. S. M., un personnage central de son roman Les Géorgiques (Les Éditions de Minuit, 1981). Réunissant deux grands thèmes de l’oeuvre, la Terre et la Guerre, il prend pour matériau d’écriture la correspondance retrouvée de son ancêtre, qui concerne ses fonctions militaires et politiques, mais aussi la conduite à distance de son domaine du Tarn, d’où le titre emprunté au célèbre poème de Virgile.
Interrogeant à travers ce personnage, comme en un miroir, son propre rapport à l’histoire, à la nature, à l’écriture, Claude Simon nous fait aussi réfléchir au devenir du roman en un moment – le début des années 1980 – où il se tourne à nouveau vers l’histoire, vers la mémoire individuelle et collective, vers les archives et les traces du passé, tout en prenant acte du «soupçon» qu’a porté le Nouveau Roman sur l’idée même de «restitution». Claude Simon apparaît ainsi comme un précurseur, et pour beaucoup comme un modèle.
https://doi.org/10.4000/litteratures.405