Il y a des territoires qui meurent d’êtres tus, des territoires où l’on tente d’étouffer les voix de la Terre. Des terres et des corps pollués. Dans cette enquête ponctuée de récits et de poèmes, Claire Dutrait nous emmène dans les méandres d’une catastrophe qui ne dit pas son nom : la pollution de la vallée de l’Orbiel. Dans cette région de l’Aude, les restes d’une mine d’or et d’arsenic exploitée tout au long du XXe siècle n’ont pas fini de déverser leurs poisons. Visibles et invisibles, dicibles et indicibles. Avec des tours et détours de langage pour tenter de saisir la texture de ce monde, le récit dénoue avec ironie, sensibilité et créativité les fils d’une modernité entremêlée de sciences, d’expertises, de politiques publiques, d’intérêts économiques… On exploite l’or et on vit en arsenic, pour produire des insecticides, des désherbants, des composants d’ordinateur, de l’encre pour imprimantes, des balles, des obus, des remèdes contre la syphilis, etc. Car oui, il s’agit bien ici d’habiter en arsenic, dans un revers du monde où des habitants, ici comme ailleurs, poursuivent leur quête d’une vie meilleure. Entre rêves et réalité.