Cinquante ans après le maître livre d’Alexandre Calame sur Jean-François Regnard, un colloque s’imposait pour dresser déjà une sorte d’état présent des études consacrées à un auteur qui, s’il est toujours joué dans les théâtres, reste passablement méconnu et trop sous-estimé. Ce colloque a fait davantage, en permettant de renouveler notre lecture d’un écrivain si varié.
Plus de vingt communications, ici publiées, dont les auteurs sont souvent de jeunes chercheurs, ont précisément mis au jour la diversité de l’œuvre de Regnard, en proposant plus que des aperçus sur l’esthétique et l’esprit de cette œuvre, dont la réception est également abordée.
Connu pour ses comédies écrites à l’intention de la troupe italienne installée à Paris et pour la Comédie-Française, Regnard fut aussi dramaturge tragique, librettiste, auteur de récits de voyage, romancier ! Touchant à bien des genres, il les a reliés par des passerelles ; on retrouve des procédés d’écriture communs qui relèvent d’une esthétique de la bigarrure. Par ailleurs, l’idée s’impose assez fortement d’un écrivain qui maîtrise les règles et les techniques littéraires et qui, par le jeu, l’ironie ou la parodie, prend distance par rapport à elles, dans un climat de grande fantaisie. Le rire de Regnard est ainsi de grand sens : il est celui d’un joyeux anarchiste. Le théâtre de Regnard, dramaturge comique que l’on considérait comme le successeur de Molière, s’est diffusé en Europe ; au moins jusqu’à la fi n du XVIIIe siècle, la fortune de ses comédies est bien assurée.
Avec les contributions de Pauline Beaucé, Karine Bénac-Giroux, André Blanc, Chantal Bouchon, Sabine Chaouche, Noémie Courtès, John Dunkley, Pierre Enckell, Alexeï Evstratov, Catherine François-Giappiconi, Ioana Galleron, Alessandra Grillo Orlandini, Michel Grimberg, Jeanne-Marie Hostiou, Judith le Blanc, Stéphanie Loubère, Martial Poirson, Sylvie Requemora-Gros, Nathalie Rizzoni, Colt Segrest, Laurence Sieuzac, Charles-Olivier Stiker-Métral, Camille Tanguy, Gabriele Vickermann-Ribémont.