Santa Vanessa Cavallari soutiendra sa thèse de doctorat en littérature générale et comparée le vendredi 17 octobre à 14 h.
La soutenance est publique.
Titre des travaux :
À la croisée des Self-Translation Studies et des Cultural Studies. Auto-traduction et production translingue dans l’émigration féminine dissidente
Membres du jury :
Alexis NUSELOVICI, Aix Marseille Université, directeur de thèse
Antonietta SANNA, université de Pise, co-directeur de thèse
Antonio LAVIERI, université de Palerme, rapporteur
Chiara ELEFANTE, université de Bologne, rapporteur
Apostolos LAMPROPOULOS, université Bordeaux Montaigne, examinateur
Isabelle POULIN, université Bordeaux Montaigne, examinateur
Résumé :
Cette thèse vise à approfondir l’étude de l’auto-traduction et de la création littéraire translingue au XXᵉ siècle, envisagées comme des manifestations de l’émergence d’une conscience littéraire et auctoriale féministe. Inscrite dans le contexte de la migration et de l’exil, cette littérature féminine dissidente donne lieu à des formes d’écriture singulières, telles que l’(auto)biographie translingue et la traduction à quatre mains, tout en mobilisant des phénomènes linguistiques spécifiques, notamment le code-mixing et le translinguisme.
La recherche interroge la portée et la signification de ces pratiques à travers un corpus d’écrivaines issues de trois contextes politiques distincts : la Russie soviétique, l’Italie fasciste et le mouvement pour l’indépendance portoricaine. Cette approche permet de formuler et d’étayer l’hypothèse de travail à travers une analyse littéraire diachronique, couvrant l’ensemble du siècle et s’appuyant sur un spectre linguistique diversifié, voire non eurocentré.
L’apport théorique de cette recherche s’inscrit dans la réflexion linguistique et littéraire poststructuraliste, en accordant une attention particulière à la génétique textuelle dans l’étude des brouillons d’auto-traductions. Ce cadre permet de mettre en lumière une part oubliée de la littérature dissidente, mais qui, à travers la pratique auto-traductive, associée à la condition d’exilée, engage une réflexion sur l’égalité des genres sexuels et textuels en littérature. Dans cette optique, et à la lumière de la pensée psychanalytique féminine d’inspiration poststructuraliste, les analyses textuelles visent à dégager des traits spécifiques dans la corporalité sextuelle des œuvres d’Elsa Triolet, Alba de Céspedes et Giannina Braschi.
La méthodologie adoptée repose sur une double logique comparative : d’une part, entre les deux versions d’un même ouvrage ; d’autre part, entre les auto-traductions ou textes translingues de différentes autrices. Cette approche permet de discuter les paradigmes théoriques et méthodologiques de la littérature comparée, fondés sur les principes d’horizontalité et de verticalité, afin de penser une spécificité poïétique, plutôt circulaire, du geste comparatif et traductif.
L’objectif est de montrer que, sous le prisme des Feminist Translation Studies, l’auto-traduction permet d’interroger l’acte traductif au-delà des paradigmes binaires et monolingues dominants.
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