Co-direction : HOLTZ Grégoire
2022/2023 : 1ère année
2023/2024 : 2ème année
Résumé du projet de thèse: Theatre des Cruautez de Richard Verstegan (1588), Theatre tragique de Pierre Boitel (1622), Spectacles d’horreur et Amphitheatre sanglant de Jean-Pierre Camus (1630) ou encore Theatre du monde de Pierre Boaistuau (1558), qui s’applique à décrire la succession des malheurs dans la vie des hommes : le paradigme de l’horreur, du tragique au sanglant, semble intrinsèquement lié à sa mise en scène, à son apparition sur la scène. Par son intensité inouïe, la scène d’horreur frappe, choque, marque les corps et les esprits. Elle apparaît comme la forme paroxystique d’un théâtre renaissant en cours de refonte, entre mystères médiévaux et avènement de l’esthétique classique. Spectaculaire, la scène d’horreur hante aussi une grande partie des productions artistiques du milieu du XVIe siècle au début du XVIIe siècle, du carnage des guerres de religion à une tentative politique de pacification. Elle traverse ainsi toutes les formes de création, de l’imprimé au spectacle vivant, en passant par le tableau et la gravure, et toutes les catégories sociales, de la scène d’exécution publique aux mises en scènes privées des tragédies humanistes, en passant par les représentations de martyres.
Cette thèse se propose ainsi de s’intéresser aux réalisations esthétiques de la scène d’horreur du milieu du XVIe siècle au début du XVIIe siècle et de s’interroger sur la définition de ces termes problématiques. Alors que la notion de « scène », absente des traités de rhétorique et des dictionnaires, semble frapper par son absence, elle semble néanmoins être une unité esthétique intéressante pour aborder une tragédie renaissante réputée pour sa dimension spectaculaire, hantée par les présences spectrales et traversée par des émotions exacerbées. Transversale, la scène se diffuse aussi dans d’autres genres, des histoires tragiques en prose aux Tragiques d’Agrippa d’Aubigné, en passant par les canards sanglants. Ainsi, sur ces scènes tragiques, où « la vraye et seule intention […] est d’esmouvoir et de poindre merveilleusement les affections d’un chascun », selon Jean de la Taille (De L’Art de la Tragédie), l’horreur est reine ; à la fois sentiment et sensation, elle est omniprésente dans les discours les plus variés tout au long de la Renaissance. Polysémique, elle désigne à la fois, dans un sens physiologique, les forts frissons, les tressaillements provoqués par la fièvre et, dans un sens moral, « horreur » signifie « crainte, peur » et « haine » ; mais elle renvoie aussi, dans un sens théologique, à la crainte de Dieu. Enfin, dramaturgique et visuelle, elle implique une intensité émotive censée envahir la scène et submerger le spectateur.