Les phénomènes migratoires atteignent de nos jours une ampleur inédite et suscitent de graves crises sociétales en Europe et ailleurs. L'ouvrage, au carrefour de la sociologie, de la philosophie et des études culturelles, veut renouveler les analyses pour mieux comprendre ces réalités et suggère un changement paradigmatique qui substitue au lexique de la migration une pensée fondée sur les notions de condition exilique et d'exiliance afin de redonner un plein statut à la fois existentiel et politique au migrant.
Les discours actuels font du migrant une figure propre à alimenter chiffres et statistiques et ils gomment son vécu et ses parcours.
Tout en reconnaissant une origine et une destination à son itinéraire, ils mettent l’accent sur l’un des deux pôles, les modèles politiques reproduisant la polarité dans la mesure où l’intégration républicaine privilégie l’identité d’arrivée, le multiculturalisme communautariste l’identité de départ. Or, l’expérience exilique conjoint les deux, dans une dynamique de multi-appartenance que les logiques citoyennes des Etats-nations peinent à intégrer.
Le migrant est d’abord un exilé, porteur d’une mémoire et d’une histoire plurielles, propres à enrichir le vivre-ensemble.
Comprendre le migrant en tant qu’exilé permettra de mieux l’accueillir et, en place d’un droit d’asile défaillant, d’esquisser les fondements d’un droit d’exil.
Présentation du livre sur le site des éditions de la Maison des Sciences de l'Homme.