On l‘a souvent dit comme une évidence, le terme retraduction comprend deux éléments, re- et traduction. il y a donc, inscrit dans la philologie, un double principe : un principe de langue et un principe d’histoire. Le principe de langue peut se comprendre à partir de la linguistique, de la poétique, d’une herméneutique ou d’une théorie de l’expression, entrées qu’on dira d’emblée n’être pas identiques. Le principe d’histoire répond quant à lui à la question de la nécessité de la retraduction, agissant à la fois pour constituer les raisons de la retraduction et pour définir les terrains sur lesquels il peut s’exercer. Si l’on veut bien admettre que tous les textes peuvent être soumis à retraduction – ce qui ne veut pas dire qu’ils le soient tous, empiriquement parlant – alors, en ce sens d’une inclusion de la retraduction comme potentialité de toute traduction, la question de la retraduction est aussi la question de la traduction. ce qu’on peut faire une fois, on peut le refaire une autre fois – ce que la question de la traduction de la Bible a emblématisé et rejoué de façon propre et, en certaines occurrences, de façon historique. Si la traduction est toujours historiquement située, y compris dans son traitement de la langue, alors toute traduction peut impliquer d’être recommencée sous la pression ou l’incitation d’une autre configuration historique, que celle-ci soit saisissement par une singularité subjective ou par une singularité objective.
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