Francesca Manzari,
"The Golden Bowl de Henry James, ou le défaut de tragédie",
Revue Silène.
Centre de recherches en littérature et poétique comparées de Paris Ouest-Nanterre-La Défense,
29-04-2023,
<http://www.revue-silene.comf/index.php?sp=comm&comm_id=330>
Dans un ouvrage intitulé Don Juan ou l’héroïsme du désir, Camille Dumoulié écrit que « l’excessif, dans l’excès, naît du renversement incontrôlable des termes qu’il met en jeu : du positif et du négatif, du bien et du mal1 ». Le Oui nietzschéen à la vie est ainsi toujours confronté à la dimension inverse, le Non, la destruction, dans un mouvement qu’il serait possible d’appeler de cause à effet dans les deux sens, de la vie à la mort, mais également de la mort à la vie : « on peut aussi […] trouver dans le manque et le négatif l’origine de cette démesure, comme le fait Rousseau, pour qui l’excès est né d’un écart entre le besoin et sa satisfaction qui ne sera jamais comblé, et que la fureur du désir ne fera qu’accentuer2 ». Ou encore, et pour le dire avec Derrida lisant Nietzsche, la vie la mort à la fois, comme dans le début du premier chapitre de Ecce Homo : « La chance (Glück) de mon existence (Daseins), son unicité peut-être tient tout à sa fatalité : pour l’exprimer en forme d’énigme (Rätselform), je suis en tant que mon père déjà mort, en tant que ma mère je vis encore et deviens vieux, ou vieille3 ». Passage que Derrida nous invite à lire non seulement dans sa dimension autobiographique, mais également in Rätselform, symboliquement, comme une double origine qui est la clé de lecture pour la compréhension de l’existence de Nietzsche.