Résumé : Cet article questionnera la littérature viatique du XVIIe siècle en tant que domaine favorisant de multiples expressions d'une individualité propre aux auteurs-explorateurs, tout en interrogeant la légitimité d'un rapprochement de l'écriture du récit de voyage au genre autobiographique, par le biais de l'étude de deux récits de captivité en Afrique du Nord, et deux récits de voyage en Europe septentrionale: L'Heureux Esclave et le Voyage des pays septentrionaux de Pierre-Martin de la Martinière, et La Provençale ainsi que le Voyage en Laponie de Jean-François Regnard.
Découvrir des contrées étrangères, se confronter à une altérité aussi fascinante qu’effrayante, livrer un témoignage sur le monde, tels semblent être les enjeux premiers du récit de voyage et de son écriture. En effet, la réalisation de l’écriture viatique ne peut se passer d’une rencontre avec un Autre bien souvent fondamentalement étranger au voyageur, mais qui lui est pourtant indispensable. Aussi, à partir du moment où nous pouvons considérer une dimension personnelle dans le récit de voyage, se mêlant à une relation d'aventures dans un ailleurs exotique et à une description des us et coutumes d'une altérité, il semble de prime abord peu aisé de rattacher le domaine de la littérature viatique à un genre bien particulier. De même, puisque la question du genre s'impose dès le départ, il apparaît légitime de lier cette problématique à celle du statut de l'auteur-explorateur et du processus qu'il met en place dans la relation de ses aventures. A ce sujet, nous pouvons citer Daniel-Henri Pageaux qui écrit dans son ouvrage La littérature générale et comparée :
[…] il est sûr que l’écriture du voyage n’ignore rien de certains privilèges de la fiction : il y a des anticipations, des prolepses, des retours en arrière, analepses, et plus encore des ellipses : le voyageur ne dit pas tout1.
En effectuant un lien entre l’écriture du voyage et celle de la fiction qui subiraient toutes deux les mêmes règles, D-H Pageaux amorce déjà une réflexion à propos du genre de la littérature viatique, qui aurait donc un rapport étroit avec la fiction par le biais de son système d’écriture. Mais le statut du voyageur et la façon dont il a été considéré à travers les siècles constitue de même une problématique à ne pas négliger :
Si pour le Coran tout voyageur solitaire est un diable, pour la tradition gréco-latine, tout voyageur est un menteur : il raconte une histoire, son histoire, des histoires. Modèle du genre : Ulysse, traité par Juvénal (Satire XV) de « charlatan » : aretagolus. C’est encore l’avis de l’Encyclopédie qui rappelle à l’article « Voyageur » que tout homme qui écrit des voyages est un « menteur »2.
Et en effet, si nous nous rapportons à l’article de l’Encyclopédie de 1751 écrit par Jaucourt, à propos des voyageurs, nous pouvons lire :
VOYAGEUR, (Hist. particul. des pays.) celui qui fait des voyages par divers motifs, & qui, quelquefois en donne des relations ; mais c’est en cela que d’ordinaire les voyageurs usent de peu de fidélité. Ils ajoutent presque toujours aux choses qu’ils ont vues, celles qu’ils pouvoient voir ; & pour ne pas laisser le récit de leurs voyages imparfait, ils rapportent ce qu’ils ont lu dans les auteurs, parce qu’ils sont premièrement trompés, de même qu’ils trompent leurs lecteurs ensuite. […] Il y a bien peu de relations auxquelles on ne puisse appliquer ce que Strabon disoit de celles de Ménélas : je vois bien que tout homme qui décrit ses voyages est un menteur, ἀλαζὼν δὴ πᾶς ὁ πλάνην αὑτοῦ διηγούμενος3 ; […]i
Affabulateurs, parfois même trompés par des auteurs dont ils s’inspirent pour leurs écrits, trompant leurs propres lecteurs par la suite, il faut dire que les voyageurs n’ont pas toujours eu très bonne réputation. La véracité du contenu de leur œuvre semble avoir souvent été remise en question, et par conséquent, nous pouvons nous interroger sur le genre du récit de voyage, sur son écriture, ainsi que sur le statut du voyageur explorateur, racontant ses aventures mais paradoxalement considéré en tant que menteur. Ainsi, à partir d’un corpus composé de fragments de plusieurs récits de voyages du XVIIe siècle, tels que L’Heureux Esclave4 et le Voyage des Pays septentrionaux5 de Pierre-Martin de la Martinière, et La Provençale6 ainsi que le Voyage de Laponie7 de Jean-François Regnard, nous tenterons de questionner la dimension personnelle du récit de voyage et les difficultés qu’elle engendre, faisant de la littérature viatique un domaine aussi complexe que diversifié dans l’expression d’une individualité se confrontant à l’altérité.
La littérature viatique, une matière à récits hybrides
En considérant le récit de voyage à travers le prisme de l’étude des genres, il semble ainsi impossible de placer le récit de voyage dans un seul genre défini et hermétique. Et c’est probablement pour cela que dans Voguer vers la modernité, Sylvie Requemora-Gros évoque François Bertaud, qui propose en 1669 l’acception de genre « métoyen » pour définir ce type de récits :
François Bertaud définit le voyage comme « un genre métoyen » entre l’histoire et le roman, car, pour lui, les voyages « ne traitent que les aventures des particuliers, comme les Romans, mais avec autant de vérité & plus d’exactitude encore que les Histoires ». Le voyage se rapprocherait donc du genre des chroniques ou des mémoires et donnerait lieu à un texte mêlé – La Fontaine dirait un « caprice » - où le « juste tempérament » serait à rechercher entre la relation de voyage authentique et le roman8.
Le récit de voyage se trouverait donc à la lisière du roman et du récit historique. En effet, ce type de récits serait donc propice à la fois à une fictionnalisation appartenant au roman, mais aussi à une vérité propre aux récits historiques. Il semble alors que nous nous retrouvons confrontés à un genre foncièrement hybride, mélangeant plusieurs fonctions en un seul ouvrage. Et si l’on s’attarde sur des œuvres propres aux récits de voyages du XVIIe siècle, force est de constater que les auteurs eux-mêmes jouent avec cette indétermination des frontières ; car si certains livrent de purs récits de voyages et d’autres des récits fictifs, nous pourrons nous rendre compte que certains des auteurs du Grand Siècle rusent, s’amusent à brouiller les frontières et à produire des récits totalement hybrides qui ne manquent pas de décontenancer tout lecteur.
Aussi semble-t-il nécessaire de dépasser les dichotomies fiction/vérité ou roman/récit historique, en les liant aux récits de voyage, afin de ne pas négliger une dimension primordiale : celle de la dimension personnelle, du récit de soi, que l’on appelle aujourd’hui « autobiographie ». Utiliser des termes comme « genre autobiographique » ou « autobiographie » en corrélation avec des récits du XVIIe siècle semble premièrement relever d’un anachronisme. Mais si nous nous attachons simplement à l’étymologie grecque du terme comme étant le fait d’écrire (graphè = graphie) sur sa propre vie (auto = soi ; bios = vie), cette notion semble s’imposer d’elle-même lors de l’étude des récits de voyage, qui sont justement des récits de vie personnels, sur l’expérience de l’auteur-narrateur. Et c’est une citation de François Hourmant, tirée de son ouvrage Au pays de l’avenir radieux, qui met en avant toute la tension propre aux récits de voyages :
Entre histoire et roman, le récit de voyage suit une topographie mouvante qui excelle à satisfaire des attentes plurielles. Tiraillé entre ces deux modèles, il se joue de l’un et de l’autre, oscillant et subissant aussi l’aimantation d’un troisième genre, lui aussi protéiforme, celui de l’autobiographie9.
Roman, récit historique, autobiographie : nous avons trois genres complexes qui se retrouvent alors en jeu dans un seul et même type de récit. Ainsi, regarder le monde et le raconter tout en se racontant afin de satisfaire les multiples attentes d’un lectorat ou celles de l’écrivain lui-même ; là semble alors résider toute l’essence et toute la complexité de la littérature viatique.
Le récit de voyage, entre souci de vérité et désir de fiction
Le voyage, une expérience nécessairement fructueuse conduisant à l’instruction ?
Dans la troisième édition posthume du Voyage des pays septentrionaux, intitulée Nouveau voyage vers le Septentrion10 Pierre-Martin de La Martinière débute son récit en expliquant dans quelle mesure les voyages sont nécessaires, et écrit :
Le plaisir même des Voyages, ce qu’ils fournissent de récréation, de divertissement, est en même temps accompagné de beaucoup d’utilité[…].Cependant il est certain que de voir, d’examiner ce qui se passe chez les Etrangers, quel bien ou quel mal résulte de leurs maximes, de leurs pratiques, de leurs mœurs, est une des principales & des plus seures voyes pour former l’esprit & pour s’instruire dans ce grand Art. […] On vient ensuite à s’apercevoir que ces mêmes défauts règnent dans le païs où l’on l’on habite mais que la préoccupation & la coutume avoient empêché de reconnoître qu’ils fussent, ou que ce fussent des défauts, ou qu’ils fussent aussi grands qu’ils sont : réflexions qui vous portent à vous corriger vous-même, & qui, à votre retour dans votre Patrie, vous engagent à publier ce que vous avez remarqué, servant d’avertissement & d’instructions à vos concitoyens11.
Cet extrait annonce d’ores et déjà dans quelle dynamique souhaite s’inscrire La Martinière en publiant un récit de voyage, et elle est clairement didactique. Le désir d’instruction de ses lecteurs et concitoyens est explicitement indiqué, et ce serait donc en étant confronté aux défauts de certains peuples qu’il serait possible de prendre conscience des défaillances de son pays natal. Et en publiant sa propre expérience, le voyageur pourrait avoir une incidence sur la conscience de ses lecteurs, qui corrigeraient alors leurs propres vices en fonction de leur lecture. Instruire par le biais du récit de voyage, tel paraît donc être le but de La Martinière, et il semble a priori logique d’en conclure que cette volonté pédagogique de la part de cet auteur engageait un souci de vérité dans la relation de son expérience en Europe du Nord. Et c’est d’ailleurs ce même souci de vérité qui est exprimé à la toute fin de son œuvre, lorsque l’auteur conclut en raisonnant sur les superstitions absurdes qui sont faites sur la corne de licorne, avant de mettre en avant les erreurs des géographes de son temps sur l’Europe septentrionale. Mais si la nécessité de la découverte est un élément central pour La Martinière dans son œuvre, Jean-François Regnard, quant à lui, ne semble pas avoir envisagé ses aventures en Europe du Nord de la même façon, puisqu’il conclut son Voyage de Laponie ainsi : « […] nous entrâmes [à Stockholm] à quatre heures du matin le Samedi vingt-sept Septembre, où nous terminâmes enfin nôtre pénible voiage, le plus curieux qui fut jamais, que je ne voudrois pas n’avoir fait pour bien de l’argent, & que je ne voudrois pas recommencer pour beaucoup davantage12 ». Pour Regnard, l’expérience viatique ne semble pas avoir été fructueuse ou du moins, c’est sans regrets qu’il quitte cette zone géographique. Et si la construction de son œuvre et sa narration respectent tous les traits canoniques du récit de voyage avec une énonciation à la première personne, où l'auteur est aussi le narrateur, laissant supposer un récit personnel pour le moins véridique, la véracité des propos de Regnard a néanmoins souvent été remise en question : aussi Philippe Geslin, dans sa préface de l’édition critique du Voyage de Laponie explique-t-il la chose suivante : « Les descriptions des scènes hivernales trouvent leur place dans le récit de Regnard tout simplement parce que dans leur majorité, elles proviennent du livre de Scheffer dont les informateurs ont pu à loisir observer ce dont ils ont parlé13. » En effet, on a souvent attribué à Scheffer des passages dans l’œuvre de Regnard, ce dernier s’étant probablement inspiré de l’Histoire de la Laponie, ouvrage de référence sur l’histoire de l’Europe septentrionale, et publié en 1675 en latin, et 1678 en français14. Mais si Regnard s'est vraisemblablement inspiré de Scheffer, il n'est évidemment pas question de réduire son œuvre à du plagiat ; d’une part car il est bel et bien parti en Europe du Nord et qu’il ne faudrait donc pas rejeter son œuvre qui constitue un témoignage de son époque, mais surtout car en réalité il était très courant au XVIIe siècle que des auteurs s’inspirent d’autres œuvres pour enrichir leurs travaux. Nous en revenons cependant au souci du genre du récit de voyage, et à la question de l’assimilation d’un ouvrage de ce type au genre autobiographique, dans la mesure où l’auteur devient un compilateur de textes, et décrit des choses comme s’il les avait vécues, alors que ce n’est pas le cas. Néanmoins, même dans des autobiographies canoniques, il a été démontré que plusieurs passages ont été modifiés, remaniés, parfois même romancés, ou tout simplement inventés, au sein même d’œuvres se revendiquant ouvertement autobiographiques. En réalité, dans un ouvrage autobiographique, mis à part un travail minutieux d’enquête, il est compliqué de démêler le vrai du faux et dans un sens, Regnard, en mentant subtilement comme peuvent le faire bien d’autres auteurs d’autobiographie, ne ferait en réalité que se rapprocher davantage de ce genre littéraire. Mais plus que de mentir, nous allons voir que ces auteurs jouent parfois avec les notions de genres littéraires.
Le tiraillement des genres au sein du récit de voyage
Dans La Provençale, où Regnard retrace ses aventures en Afrique du Nord qui se sont déroulées avant son voyage en Europe septentrionale, l’auteur se concentre sur un personnage féminin, figure de la femme aimée qui devient le sujet principal de l’œuvre. Pour Regnard, c’est en effet avant tout une histoire d’amour qui se développe en Afrique, l’esclavage passant pratiquement au second plan, devenant simplement un prétexte permettant d’étoffer la relation amoureuse en lui donnant une dimension épique. Mais le contenu de l’œuvre, plus que le titre, permet de rendre compte d’une véritable prépondérance de l’aventure amoureuse en Orient sur le récit de captivité en tant que tel. D’une part, l’œuvre s’ouvre sur plusieurs personnages, rassemblés sous un chèvrefeuille afin d’écouter Cléomède, qui leur parle de Zelmis, un ami que tous ont en commun : « Céliane là-dessus joignant à sa satisfaction particuliére, le plaisir qu’elle feroit à toute l’Assemblée, pria à Cleomède de faire le recit des derniéres Avantures de Zelmis, qu’elle n’avoit jamais sçûës qu’imparfaitement15 ». Nous avons ici un véritable récit-cadre, puisque Regnard donne la parole à Cléomède qui devient narrateur du roman, dont Zelmis, double fictionnel de Regnard, devient le héros. Nous retrouvons même une forme d’assertion de vérité de la part de Cléomède :
Je suis assez ami de Zelmis, Mesdames, pour me flâter qu’il ne m’a rien caché de tout ce qui lui est arrivé, & assez persuadé de sa bonne foi. Pour vous assurer qu’il n’entre rien de fabuleux dans ce que je vais vous dire ; c’est ce qui me fait esperer que les évenements singuliers que vous y trouverez, vous plairont infiniment davantage, puisque s’ils ne sont pas racontez avec toute la délicatesse possible, ils seront du moins soûtenus de la vérité16.
Le récit est ici enchâssé, avec des devisants à la façon du Décaméron de Boccace, ou encore de L’Heptaméron de Marguerite de Navarre, comme l’explique Sylvie Requemora-Gros dans la préface de son édition critique de La Provençale17. Et nous pouvons voir une sorte de paradoxe dans cette assertion de vérité, dans le sens où nous avons peu de doutes sur le fait qu’il ne s’agisse pas d’un pur récit de voyage, ne serait-ce qu’avec l’apparition d’un héros qui ne porte pas le nom de l’auteur. Aussi, un autre personnage porte un nom assez évocateur dans l’œuvre : Elvire. Ce prénom semble renvoyer à l’Elvire du Dom Juan de Molière, publié pour la première fois en 1682, année où l’on imagine que Regnard rédige son roman. Nous pouvons supposer que Regnard a appelé son personnage ainsi, en faisant référence à la figure de l’innocente trompée par un homme, référence ironique puisqu’à la fin de l’œuvre, c’est Elvire qui quitte de façon abrupte le héros pour retourner avec son mari accidentellement déclaré mort, et dont le retour vient compromettre la relation entre Zelmis et Elvire. Aussi, bien qu’il s’agisse d’une œuvre racontant la période de captivité d’un certain Zelmis en Afrique du Nord, la dimension romanesque de ce récit de captivité et la probable référence au théâtre de Molière laissent supposer que la captivité n’est pas le point central de cette histoire, mais plutôt une sorte de prétexte pour le développement de l’intrigue amoureuse. On ne trouve que peu d’informations sur les Turcs, et sur la ville où le héros est détenu comme captif, seule une brève description d’Alger étant faite :
Alger est la Capitale d’un Roiaume de même nom, qui en a trois autres sous lui, celui de Tremisen ou Telesin, celui de Bugie, & celui de Constantine. […] Les Geographes ne sont pas bien d’accord du nom ancien de cette Ville ; mais ils avoüent tous que les Sarazins & les Arabes s’étant débordez en Afrique, & ne pouvant souffrir qu’il restât aucun monument qui publia la grandeur de l’Empire Roman, lui ôtèrent son nom pour lui donner celui d’Algezair, qui signifie Isle en Arabe, à cause qu’elle est voisine d’une petite Isle, sur laquelle on a batit depuis une Forteresses qui défend le Port. Alger est situé sur le penchant d’une Colline, que la mer mouille de ses flots du côté du Nord18.
Cet extrait, qui constitue le seul passage descriptif et à visée informative dans l’œuvre, est d'ailleurs une compilation de plusieurs autres sources sur l'Algérie, dont Regnard s'est inspiré19. Aussi, après cette description d’Alger, Cléomède reprend immédiatement la parole : « Si je ne craignois, Mesdames, de retarder votre curiosité, je vous parlerois du Gouvernement de cette Ville […]. Mais il vaut mieux vous apprendre le sort de nos Captifs20 ». La curiosité du lectorat, plus que le désir d’instruire ou du moins de relater une période de captivité en décrivant Alger et les personnes y vivant, apparaît comme le point central de l’œuvre.
Dans le récit de Regnard, il s'agit donc d'utiliser des aventures véritables, pour constituer un récit volontairement faux. Il n’est pas question de combler des soucis de mémoire en affabulant légèrement, mais bel et bien de constituer volontairement un ouvrage mettant en avant des faussetés dans le récit. Ce récit a d’ailleurs scandalisé son compagnon de voyage de l’époque, Fercourt, qui a publié de même un récit de ses aventures en Afrique avec Regnard21. Les voyages de Regnard ayant été publiés en 1731 de façon posthume pour la première fois et Fercourt étant mort en 1734, à l’âge de 84 ans, ce dernier n’a pas eu le temps de revoir les écrits de son ancien compagnon de voyage. Néanmoins, une lettre adressée à un certain P. Niceron en 1733 prouve bel et bien son indignation face aux écrits de Regnard :
Tous nos voyages ont été imprimés sous le nom de M. Regnard mais mal sur des fragments qu’on a trouvés après sa mort ; il y a tant de choses qui ont été omises et d’autres si mal placées, qu’on souhaiterait bien que je voulusse y travailler ; mais où, quand et comment ? A quatre-vingt ans passés, il faut songer à tout autre chose qu’à écrire. L’on ne demande que du repos22.
Souci de plaire en passant par la fiction pour Regnard, souci de vérité pour Fercourt, nous pouvons voir que la même expérience vécue par deux individus peut être retranscrite de deux façons totalement différentes.
Problématique de l'émergence du registre fantastique dans un récit véridique
Pour ce qui est de L’Heureux Esclave de La Martinière, nous avons cette fois un récit narré à la première personne, dans lequel l’auteur est le narrateur, et qui se rapprocherait par conséquent plus du genre autobiographique par son système d’énonciation. Mais un passage concernant un serpent que l’auteur aurait croisé en Afrique vient remettre en question le caractère véridique de ce récit :
[…] je ne puis vous exprimer la peur que me fit un serpent long de vingt pieds & plus de trois de grosseur les yeux étincellans & furieux, les dents grosses, longues & fort aiguës, sortir du creux de la montagne me poursuivre la gueule ouverte, comme vous voyez en la figure suivante. Les cris que je fis fuyant vers les deux Janissaires leur fit tourner la teste pour voir ce que j’avais, voyant le danger où j’estois & que cete beste m’ayant attrapé & englouti, ils en seroient poursuivis & devorez, est ce qui les obligea de venir au devant de moy & à l’encontre d’elle […] 23.
Aussi, après que le serpent a finalement été tué, nous pouvons lire quelques pages plus loin :
Le lendemain à quelques deux journées de la ville de Lempta nous trouvâmes pour le moins mil hommes armez de hazegais & leviers & des piquots de fer pour mettre autour du repaire de ce monstre qu’ils alloient combattre lesquels nous voyans voulant fuir, mon Patron & environ cinquante autre bien montez furent apres pour scavoir leur dessein, lequel ils dirent n’estre autre que d’aller pour surprendre cette beste qui avoit mangé plus de dix de leurs gens sans compter les bœufs, vaches et chevaux qu’ils avoient été obligé d’abandonner leurs habitations, qu’ils desiroient rehabiter : Leur ayant dit que l’animal estoit mort, il ne se peut exprimer le joye qu’ils en receurent […] & pour leur faire voir qu’il estoit mort il les mena où il estoit & de crainte qu’il ne revint en vie ils le couperent par tronçons avec leurs coûteaux qu’ils emportèrent pour manger, & fut trouvé dans son ventre la moitié d’un âne sauvage, non encore digéré, attaquant Lions, Tigres, Cocodrilles & tous autres animaux24.
Il semble clair que cet épisode a totalement été inventé ou du moins, fortement romancé. La Martinière a peut-être croisé la route d’un serpent dangereux au cours de sa captivité, mais il semble évident qu’en aucun cas il n’a pu rencontrer un serpent énorme capable d’avaler un âne, des bœufs et des chevaux. Alors, si nous avons bien vu qu’il est difficile de déterminer si le récit de voyage peut être rattaché au genre romanesque à cause de cette ambiguïté qui le caractérise, nous pouvons voir que l’hybridité de ce genre ne s’arrête pas à un simple brouillage des frontières entre récit véritable et roman vrai. Dans L’Heureux Esclave de Pierre-Martin de la Martinière, c’est le registre fantastique qui émerge dans l’œuvre lorsque le narrateur évoque les serpents d’Afrique, registre sur lequel nous pouvons d’abord nous attarder à travers la définition qu’en donne Tzvetan Todorov dans Introduction à la littérature fantastique :
Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s’expliquer par les lois de ce même monde familier. Celui qui perçoit l’événement doit opter pour l’une des deux solutions possibles : ou bien il s’agit d’une illusion des sens, d’un produit de l’imagination et les lois du monde restent alors ce qu’elles sont ; ou bien l’événement a véritablement eu lieu, il est partie intégrante de la réalité, mais alors cette réalité est régie par des lois inconnues de nous. Ou bien le diable est une illusion, un être imaginaire ; ou bien il existe réellement, tout comme les autres êtres vivants : avec cette réserve qu’on le rencontre rarement. Le fantastique occupe le temps de cette incertitude ; dès qu’on choisit l’une ou l’autre réponse, on quitte le fantastique pour entrer dans un genre voisin, l’étrange ou le merveilleux. Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel25.
Le fantastique se caractériserait donc, selon Todorov, par l’intrusion d’un élément surnaturel dans un récit a priori réaliste, contrairement au merveilleux qui ferait appel à un surnaturel accepté et admis. Il semblerait donc que nous retrouvions ici le genre fantastique qu’évoque Todorov, dans la mesure où l'épisode du serpent surgit dans un récit totalement réaliste, et que la vue de la bête provoque l'effarement du voyageur. Par la suite, cet épisode donne lieu à un inventaire de la part de La Martinière, qui se met à classer les reptiles que l’on peut trouver en Afrique. Et parmi tous les reptiles évoqués, la plupart d’entre eux relèvent d’un imaginaire collectif propre à l’Orient :
Dans ce païs là comme aussi dans les Royaumes de Garamentes & d’Agades jusqu’où nous fûmes, il s’y void quantité de Sirenes qui sont Serpens longs de deux coudées grosses comme des Anguilles de couleur d’un gris rougeâtre ayans sur la tête des poils frizez, gros & durs comme crain de cheval, & des ailes comme les chauves souris, avec quoy ils volent plus viste qu’un cheval de poste, comme voyez en la figure26.
Dans l’estampe27 que présente d’ailleurs La Martinière, nous pouvons voir que sont dessinés à tour de rôle une sirène, une hydre, une cherfydre28, un dragon et une salamandre. Nous serions cette fois tentés de lier ce passage au registre merveilleux, dans la mesure où le narrateur ne semble cette fois plus hésiter et admettre cet imaginaire collectif en affirmant la présence de ces animaux fantastiques à travers ce « Dans ce païs là […] il s’y void quantité de […] ». Todorov évoque justement le fantastique comme manifestation d'un moment d'incertitude, et La Martinière fait ici un choix en admettant comme réel un imaginaire collectif, se rapprochant donc du merveilleux, et même du « merveilleux exotique » que Todorov définit ainsi : « On rapporte ici des événements surnaturels sans les présenter comme tels ; le récepteur implicite de ces contes est censé ne pas connaître les régions où se déroulent les événements, il n’a pas de raisons de les mettre en doute29 ». En effet, La Martinière n’a certainement pas vu de serpent à trois têtes, tout comme il n’a probablement pas croisé de sirène. Or, il ne présente pas ces animaux fantastiques comme des éléments surnaturels, mais plutôt en faisant une sorte d’anthologie de tous les animaux que l’on peut trouver en Afrique du Nord. Néanmoins, la définition de Todorov semble connaître ses limites lorsqu'on l'applique à l'ouvrage de La Martinière, puisqu’il ne semble pas que la volonté de La Martinière soit d’établir une vérité que personne ne pourrait remettre en doute, en mettant en place une sorte de « merveilleux exotique30 ». Et puisqu'il ne s’agit donc pas d’une erreur de la part de l’auteur, il s’agit vraisemblablement d’une volonté réelle d’inventer cet épisode avec un serpent énorme qui aurait mangé un âne et plusieurs troupeaux de bœufs, avant de faire la liste de tous les animaux fantastiques d’Afrique. De plus, en tant que médecin, il se met notamment à évoquer les effets des morsures de ces serpents imaginaires :
La morsure de ces trois espèces de serpents fait séparer la peau de la chair, rend la plaie humide & pourrie fait venir des pustules par le corps, cause tournoiements de têtes, brutalement, douleurs de membres, vomissements bilieux et puants & ensuite la mort si on n’y remedie promptement 31.
Or, un médecin ne devrait justement pas affirmer des choses relevant d’un imaginaire collectif, étant supposé posséder un esprit rationnel et scientifique. Aussi, quel sens donner à ce passage énigmatique en ce qu’il mélangerait éléments fantastiques et semblant de merveilleux dans un récit de captivité ? Une interprétation de ce passage est donnée par Françoise Loux, qui explique qu’après la découverte des prétendus barbares à travers sa captivité, La Martinière se retrouverait confronté à celle de la nature d’un pays inconnu et que l’on retrouverait une forme d’ambivalence : « fascination devant ce qui est nouveau et mouvement de recul devant ce qui semble monstrueux ».
De la découverte des autres, des prétendus barbares, nous sommes passés à celle de la nature, avec toujours la même ambivalence : fascination devant ce qui est nouveau, et mouvement de recul devant ce qui semble monstrueux […]. Certes, ses descriptions de serpents, dans lesquelles réel et imaginaire se côtoient, ne sont pas exactement celles d’un naturaliste, mais nous sommes encore à une époque où la médecine elle-même ne s’est pas détachée de tout un fond de symbolisme qui était peut-être l’une de ses richesses. Nous avons d’ailleurs noté que cela n’empêche pas des remarques réalistes et critiques, que notre auteur ne se réfugie pas dans le rêve et ne néglige pas l’action32.
En somme, c’est le métier de La Martinière qui ressort de cet épisode. En tant que médecin, il fait des considérations sur les animaux que l’on pensait trouver en Afrique à cette époque, en faisant resurgir tout un arrière-plan symbolique. Peut-on alors parler de fantastique ? De « merveilleux exotique » ? Il semble qu’il s'agisse en réalité plus de l’expression d’une forme de symbolisme propre à un auteur du XVIIe siècle qui ressort, symbolisme impliquant une forme de croyances surnaturelles. Françoise Loux souligne aussi que cette partie du récit ne doit en aucun cas remettre en cause tout le récit de La Martinière, ce dernier ne s’étant pas uniquement réfugié dans l’imaginaire, puisque son œuvre laisse aussi transparaître des remarques réalistes et critiques qu’il serait donc dommage de négliger. C’est donc le caractère hybride du récit de captivité qui ressort. Il n’est plus question d’un simple brouillage des genres entre récit véritable, historique, et roman. Et l’émergence du registre fantastique dans un récit qui se voudrait autobiographique donne lieu à une combinaison des plus surprenantes dans l’étude des genres.
En définitive, nous pourrions être tentés d’arriver à la conclusion que le récit de captivité pousserait plus à la fictionnalisation que le récit de voyage, dans la mesure où l’expérience de l’esclavage ne fait plus de l'auteur un simple explorateur, mais un véritable héros épique, survivant à des conditions de vie aussi extraordinaires que terribles. Mais surtout, il semble que ce soit l’Orient et sa construction idéologique qui pousse plus à la fiction que l’Europe du nord mystérieuse et glaciale. Semble alors émerger une problématique selon laquelle ce serait le lieu géographique auquel est confronté le voyageur qui orienterait le genre du texte. Aussi, l'établissement des genres des récits relevant du domaine de la littérature viatique semble-t-il dépendre des lieux où se déroulent les aventures narrées. Enfin, pour ce qui est de la question de l’autobiographie dans ces récits, il semble que se représenter dans les récits de voyages implique une ambiguïté non seulement dans l’écriture, mais aussi dans l’acte de lecture, puisque le « moi » n’est pas l’élément central dans la mesure où il vient se faire concurrencer par l’autre. Dans le cadre de la littérature viatique, l’écriture sur l’autre prend d’abord le pas sur l’écriture du moi. Aussi si nous envisageons l’autobiographie selon la définition de Philippe Lejeune avec un pacte de lecture et une écriture très encadrée, parler d’autobiographie dans nos récits de voyages mène bel et bien à une impasse. Il pourrait alors paraître plus simple de passer par le biais de l'« autofiction33 » pour pousser l'étude de l'expression de l'individualité dans la littérature viatique, dans la mesure où l'autofiction revendique une partie inventée dans des récits basés sur des événements personnels et véridiques. Néanmoins, borner l'autofiction à cette simple considération serait certainement réducteur, dans la mesure où aujourd'hui encore, cette notion est sujette à de nombreux débats dans le domaine universitaire, impliquant donc des questionnements dans ses multiples définitions34. Et de même, il semblerait artificiel de relier la littérature viatique à l'autofiction, par pure volonté de lier des types de récits particuliers, à des genres plus ou moins définis. Car ce que l’étude de ces récits de voyages met finalement en avant, c'est un véritable éclatement des genres, qui nous permet et nous permettra encore de repousser les limites souvent préétablies de genres que l’on estime, à tort, bien souvent trop hermétiques.
Notes
Daniel-Henri Pageaux, La littérature générale et comparée, Armand Colin, 1994, p. 35
Daniel-Henri Pageaux, ibid, p. 31
Louis de Jaucourt, L’Encyclopédie, 1re éd., tome 17, 1751, p. 477-478.
Pierre-Martin de la Martinière, L’Heureux esclave, ou Relation des aventures du sieur de La Martinière comme il fut pris par les corsaires de Barbarie & délivré. La maniere de combattre, sur Mer, de l’Afrique & autres particularitez, Paris, O. de Varennes, 1674.
Pierre-Martin de la Martinière, Voyage des pays septentrionaux, Dans lequel se void les moeurs, maniere de vivre, & superstitions des Norweguiens, Lappons, Kiloppes, Boradiens, Syberiens, Samojedes, Zembliens, Islandois, …, Paris, Louis Vendôme, 1671.
Jean-François Regnard, « La Provençale », Les Œuvres de M. Regnard, Paris, Veuve de P. Ribou, 1731, t. II, p. 1-106
Jean-François Regnard, « Voyage de Lapponie », Les Œuvres de M. Regnard, Paris, Veuve de P. Ribou, 1731, t. I, p. 91-292
Sylvie Requemora-Gros, Voguer vers la modernité. Le voyage à travers les genres au XVIIe siècle, préface de Pierre Ronzaud, Paris, PUPS, 2012, p. 167.
François Hourmant, Au pays de l’avenir radieux : voyages des intellectuels français en URSS, à Cuba et en Chine populaire, Paris, Aubier, 2000, p.109.
Pierre-Martin de la Martinière, Nouveau voyage vers le Septentrion, où l’on représente le naturel, les coutumes, et la religion des Norwégiens, des Lappons, des Kiloppes, des Russiens, des Borandiens, des Sybériens, des Zembliens, des Samoïédes, etc…, Amsterdam, Estienne Roger, 1708.
Ibid. p. 7-9.
Jean-François Regnard, Voyage de Lapponie, op.cit. p. 292
Philippe Geslin, préface du Voyage en, Ginkgo, 2010, p. 34 Laponie
La Martinière, quant à lui, est considéré comme le premier voyageur français à avoir publié un récit de voyage en Europe du Nord puisqu'il a publié son Voyage des Pays septentrionaux en 1671, soit quelques années avant l’ouvrage de Scheffer.
Jean-François Regnard, La Provençale, op. cit. p. 2-3.
Ibid, p. 3.
Préface de Sylvie Requemora-Gros, La Provençale de Jean-François Regnard [1731], Paris, Classiques Garnier, p, 88
Jean-François Regnard, La Provençale, op. cit. p. 39-40
A ce sujet, voir l'article de Sylvie Requemora-Gros : « Le genre « metoyen » en question : le cas de l’épisode algérien de Regnard », Travaux de littérature n°26, Itinéraires littéraires du voyage, dir. François Moureau, Avec Philippe Antoine, Marie-Christine Gomez-Géraud, Droz, Genève, 2012, p. 279-288
Jean-François Regnard, La Provençale , p. 40
Claude Auxcousteaux de Fercourt, Relation de l’esclavage des sieurs de Fercourt et Regnard, pris sur mer par les corsaires d’Alger [date inconnue], Toulouse, Targe, 1905.
Extrait de lettre que l'on retrouve dans l'édition Targe (1905) de la Relation de Fercourt, p. 15.
Pierre-Martin de la Martinière, l’Heureux esclave, op. cit. p. 210-211. N.B – La numérotation des pages de l’œuvre originale comportant des erreurs, la pagination du PDF téléchargeable sur Gallica a été utilisée.
Pierre-Martin de la Martinière, op.cit., p. 213-214.
Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Paris, éditions du Seuil, 1970 p.29.
Pierre-Martin de la Martinière, l’Heureux esclave, op.cit. p. 214.
Ibid, voir p. 215
« Ces serpens sont proprement appellez hydres, tandis qu'ils vivent dans l'eau ; et cherfydres, lorsque leurs marais étant dessechez, ils sont obligez de vivre hors de l'eau : alors ils sont plus venimeux ; leur morsure cause des inflammations, enflures, douleurs ardentes, meurtrissures, playes sangeuses, résolution des membres, vomissements colériques & püans. » Commentaire litteral sur tous les livres de l'ancien et du nouveau testament, chez Pierre Emery, 1709, p. 214
Tzvetan Todorov, op. cit. p. 60.
A propos du « merveilleux exotique » dans la littérature viatique, voir cet article de Sylvie Requemora-Gros : « Un merveilleux exotique ? » in Actes du 33e congrès annuel de la North American Society for Seventeenth-Century French Literature: Arizona State University, Tempe, Volume 3, mai 2001.
Pierre-Martin de la Martinière, l’Heureux esclave, op.cit. p. 217.
Françoise Loux, Pierre-Martin de La Martinière : un médecin au XVIIe siècle, Paris, Imago, 1988, p. 50.
Terme inventé par Serge Doubrovsky, et que nous retrouvons pour la première fois dans son roman, Fils, publié en 1977 aux éditions Galilée.
Gérard Genette par exemple, explique que l'autofiction doit avoir un contenu purement fictionnel, et critique les « fausses autofictions », « qui ne sont que fiction pour la douane : autrement dit, autobiographies honteuses » Fiction et diction, Paris, Seuil, coll. " Poétique ", 1991, p. 87
Table des matières
1. Littérature, voyages et altérités
Errances, erreurs dans « L’Éducation sentimentale »
Visions dans « L'Éducation sentimentale »
Lecture de l'épisode de la découverte du Bazar de Mahabad dans « L'Usage du monde » de Nicolas Bouvier (p. 176-177) : voir dans les interstices
18e Rencontres enseignants – chercheurs / Littérature, voyages et altérités
L'« Adieu à la Nouvelle-France » de Marc Lescarbot : altérité, fécondité, interculturalité
Le genre autobiographique en question dans le récit de voyage au XVIIe siècle
L’expérience de l’altérité dans le « Journal de voyage de Montaigne » : une entreprise d’exotisation du familier
L'altérité en temps de guerres civiles : l'exemple du Passe-temps de François Le Poulchre de La Motte-Messemé
2. Territoires et frontières du style
Les mots en question dans l’œuvre narrative de Marivaux: réflexion sur une approche stylistique
Stylistique pragmatique et écriture des poilus
Approche rhétorique, linguistique et socio-poétique de la forme littéraire. La stylistique comme étude des « formes-sens ».
Le récit enchâssé, de la poétique à la stylistique
Vers à l'antique et vers syllabiques français : réflexions sur la portée stylistique du rythme
La Journée d'étude AIS « Territoires et frontières du style »