Michel Gilot considérait Marivaux comme un « inventeur de formes1 ». L’expression nous semble particulièrement pertinente, et elle montre bien que la véritable modernité de Marivaux ne se situe pas du côté de l’audace de son discours politique ou moral. Elle réside plutôt dans la grande liberté dont il fait preuve dans son utilisation des genres éditoriaux et des modes de publication. Non content de recourir à des formes dépréciées – la comédie, le roman, le journalisme – il les soumet en effet à une véritable expérimentation critique et n’hésite pas à les subvertir de l’intérieur.
Nous voudrions montrer aujourd’hui qu’il ne se contente pas d’« inventer » des formes, mais qu’il les fait se rencontrer, se contaminer, jusqu’à inverser de manière surprenante les caractéristiques qui devraient les définir. Nous étudierons cette question en examinant les conditions de la publication de La Vie de Marianne, et en les confrontant à la manière dont L’Indigent philosophe et Le Cabinet du philosophe ont été édités. Nous tenterons ainsi de prouver qu’assez paradoxalement, Marivaux utilise davantage les procédés du journalisme dans La Vie de Marianne qu’il ne le fait dans ses deux derniers journaux. Dans les onze parties de ce roman, il recourt en effet à des techniques qui annoncent en partie au moins le roman-feuilleton du siècle suivant. Ces techniques, on les retrouve à l’époque dans un autre journal, mais il ne s’agit ni de L’Indigent philosophe ni du Cabinet du philosophe : nous verrons en effet qu’elles sont utilisées dans le Pour et Contre de l’abbé Prévost, qui partage avec Marivaux la volonté d’explorer les frontières entre journalisme et littérature.
I. La discontinuité mise en scène : singularité d’une « fiction périodique »
Rappelons tout d’abord que La Vie de Marianne et Le Paysan parvenu sont loin d’être les seuls romans de la première moitié du XVIIIe siècle à avoir été publiés sous la forme de livraisons séparées. Les plus connus sont le Gil Blas de Lesage, Les Égarements du cœur et de l’esprit de Crébillon, ou le Cleveland de Prévost. Mais il en existe beaucoup d’autres, puisque Françoise Weil a recensé 25 romans publiés par tranches entre 1728 et 1737, auxquels s’ajoutent sept débuts de romans, dont n’a paru que la 1ère partie2. Marc Escola a donné le nom de « fictions périodiques3 » à ces romans qui « s’écrivent dans l’ignorance de leur fin4 ». Dans ces romans publiés par parties séparées, et souvent laissés inachevés, l’auteur improvise au moins dans une certaine mesure, il ne sait pas toujours où il va, et les choix auxquels il procède s’effectuent en partie sous les yeux du lecteur.
Dans La Vie de Marianne, les explications données par Marivaux pour justifier la publication par tranches sont elles-mêmes assez traditionnelles. Ainsi, il conclut l’« avertissement » de la première partie en se référant au goût du public et en affirmant que le reste « paraîtra successivement » si cette partie « plaît5 ». Or, on trouve ce genre de déclarations ailleurs, et il s’agit même d’une affirmation très conventionnelle, presque d’un topos. Crébillon le signale de manière amusée dans les Égarements, puisqu’il fait lui aussi la promesse de livrer la suite si le public aime la première partie, mais souligne dans le même temps que l’« on a tant de fois trompé le public là-dessus6 ».
Quant aux raisons qui ont réellement conduit Marivaux à choisir une publication fragmentée, il est probable qu’elles n’ont rien non plus de très original et relèvent en partie de considérations économiques. Comme l’a notamment montré George May, le fractionnement de la publication, et son prolongement sur une période longue, assuraient aux auteurs et à leurs libraires la certitude de ressources financières plus importantes7. Or, Marivaux fait partie de ces auteurs ruinés par le désastre de Law qui ont dû s’en remettre à leur activité d’écrivain pour gagner leur vie. Même si le théâtre lui fournit déjà des ressources financières confortables au moment où il publie La Vie de Marianne, il ne fait aucun doute que le succès de son roman lui a également procuré des revenus conséquents.
La Vie de Marianne appartient donc bien à un ensemble assez vaste, celui de ces « fictions périodiques » qui ont été particulièrement appréciées du public dans la première moitié du XVIIIe siècle. Mais il n’en existe pas moins une spécificité marivaudienne dans l’utilisation de la publication fractionnée. Marivaux a ainsi eu recours très tôt à ce mode de publication pour ses romans, puisque les deux premières parties des Effets surprenants de la sympathie ont paru en 1713, avant que trois nouvelles parties ne soient éditées au début de l’année suivante. Ensuite, et surtout, l’émiettement de la parution de La Vie de Marianne apparaît comme particulièrement spectaculaire. Les onze parties qui composent ce roman se sont en effet succédé, à un rythme très irrégulier, entre 1731 et 1742, soit au cours d’une période de 12 ans8. En outre, il faut peut-être porter cette durée déjà très longue à 15, voire à 17 années : Marivaux a en effet sollicité un privilège dès le mois de février 1727 et, selon Henri Coulet, il aurait même commencé la rédaction du roman dès 1725.
Une parution aussi segmentée et aussi irrégulière ne pouvait qu’influencer le contenu du roman lui-même. Il nous semble en particulier qu’elle conduit Marivaux à utiliser des techniques qui doivent beaucoup à l’écriture journalistique. On le sait – et nous y reviendrons – il a été l’un des journalistes les plus brillants de son époque, depuis ses premières contributions au Mercure jusqu’au Cabinet du philosophe. Dans les introductions et les conclusions de ses onze parties, il recourt à des procédés qui se rapprochent de ceux qu’utilisent les journalistes littéraires de son temps, et qu’emploieront plus encore les feuilletonistes au siècle suivant.
Ce constat vaut particulièrement pour la clôture de ces onze parties. Marivaux s’attache en effet systématiquement à relancer l’attention du lecteur et à lui donner l’envie d’attendre la suite. Aucune des onze parties ne se termine donc par la fin pure et simple d’un épisode : Marivaux préfère interrompre provisoirement son récit en pleine action, au cœur d’un moment de tension. C’est déjà le cas dans la première partie :
J’approche ici d’un événement qui a été l’origine de toutes mes autres aventures, et je vais commencer par là la seconde partie de ma vie; aussi bien vous ennuieriez-vous de la lire tout d’une haleine, et cela nous reposera toutes deux9.
La cinquième partie se termine elle aussi par un effet de suspens très efficace et particulièrement haletant, l’arrivée de Mme Dutour et l’indiscrétion de Favier. De même, la sixième partie s’achève par l’arrivée soudaine de Mme de Miran et de Valville chez le ministre. Quant à la septième, elle se clôt par la révélation de l’infidélité de Valville, révélation incomplète puisque l’on ne sait rien de la réaction de Marianne ni de l’attitude à venir de Varthon. Marianne narratrice note elle-même qu’elle laisse volontairement l’action en suspens pour être certaine que sa lectrice aura envie de lire la suite :
Remettons la suite de cet événement à la huitième partie, madame ; je vous en ôterais l’intérêt, si j’allais plus loin sans achever10.
Aucune fin de partie ne fait réellement exception. Au moment de conclure chaque livraison, Marivaux parvient en quelques lignes à créer une énigme ou à immobiliser l’action dans un moment d’une importance capitale. C’est aussi le cas dans la onzième partie, puisque la « cloche » qui interrompt Tervire semble une nouvelle fois traduire la volonté de jouer avec les attentes du public11. Elle résonne comme une interruption soudaine, brutale, presque violente, et en tout cas terriblement insatisfaisante pour le lecteur.
Marivaux fait preuve de la même virtuosité au moment d’introduire les parties de son roman. Nous mentionnerons trois fonctions principales de ces ouvertures, mais il va de soi que cet inventaire n’a rien d’exhaustif. Elles ont d’abord un rôle que l’on pourrait qualifier de pédagogique, celui de résumer les événements antérieurs pour un public qui ne se souvient pas forcément du contenu des précédentes parties. Cependant, au-delà de cette fonction d’explication et de récapitulation, ces introductions souvent longues servent aussi à prolonger le suspense, puisqu’elles différent la fin de la séquence narrative sur laquelle s’achevait la partie précédente. Enfin, et surtout, ces ouvertures sont pour Marivaux le moyen de mettre en scène la réception du public et de répondre aux critiques qui lui ont été adressées. Il commence ainsi presque toujours ses parties par une allusion de Marianne narratrice à ce que sa lectrice a pensé de la partie précédente. Et les remarques de cette lectrice supposée permettent évidemment de refléter les jugements que le roman a réellement suscités. Marivaux se sert en particulier de ces introductions pour répondre aux reproches ayant trait à son style, à l’irrégularité de la publication, ou à la part trop importante accordée par Marianne à ses réflexions et à ses commentaires. Certains indices ne laissent du reste aucun doute sur le fait qu’il utilise la fiction épistolaire pour répondre à ses détracteurs : la narratrice sous-entend à plusieurs reprises que son récit ne s’adresse pas seulement à la destinataire de ses lettres mais bien à un public plus large. Ainsi, au début de la sixième partie, elle évoque les « amis12 » auxquels sa destinataire a fait lire ses aventures. Marivaux va même plus loin dans le paragraphe suivant, puisqu’il s’adresse directement à un lectorat masculin :
Mais je songe que ce mot de babillarde, que je viens de mettre là sur mon compte, pourrait fâcher d’honnêtes gens qui ont aimé mes réflexions. Si elles n’ont été que du babil, ils ont donc eu tort de s’y plaire, ce sont donc des lecteurs de mauvais goût. Non pas, messieurs, non pas ; je ne suis point de cet avis ; au contraire, je n’oserais dire le cas que je fais de vous, ni combien je me sens flattée de votre approbation là-dessus13.
Bien sûr, le choix de la fiction épistolaire, même renouvelé au début de chaque livraison, ne suffit pas à rapprocher La Vie de Marianne d’un mode de publication journalistique. Mais l’on peut rappeler à quel point la fiction de la lettre est souvent utilisée dans les périodiques littéraires du XVIIIe siècle : la lettre est du reste associée au journal depuis son origine, et l’essentiel des journaux littéraires de l’époque sont des périodiques qui produisent des lettres ou qui se présentent sous la forme de lettres. Une partie d’entre eux intègre des lettres de lecteurs, à l’image des « spectateurs », d’autres sont rédigés sous la forme de fictions épistolaires, à l’image des périodiques de critique littéraire de Desfontaines ou de Fréron, ou encore des correspondances cosmopolites dérivées des Lettres persanes.
Quoi qu’il en soit, l’étude des seuils entre les différentes parties le montre, Marivaux n’a pas seulement subi l’irrégularité de la publication de La Vie de Marianne : il a au contraire su l’exploiter pour entretenir la curiosité de son public et dialoguer avec lui. Utiliser des procédés proches du journalisme ne veut pas dire, en outre, écrire au hasard, ni s’en remettre à l’inspiration du moment. Certes, c’est ce que feront beaucoup de feuilletonistes au siècle suivant : bien souvent, ces derniers ne savent pas comment ils exploiteront dans la livraison suivante les effets de suspens qu’ils créent à la fin d’un numéro. Toutefois, il faut se garder de tout anachronisme et bien mesurer la différence entre le roman-feuilleton du XIXe siècle et les « fictions périodiques » du XVIIIe siècle. Rappelons en effet que le feuilleton, aussi appelé rez-de-chaussée, est un terme technique du journalisme : il désigne un espace éditorial, le bas de la page du journal, où les romans vont être prépubliés à partir des années 1830. Cet espace très spécifique impose au romancier un cadre, une longueur et un rythme de publication très contraints. Soumis à l’urgence de la publication et aux attentes très codifiées de leur public, Eugène Sue ou Paul Féval improvisent, écrivent dans l’instant, et multiplient les revirements spectaculaires autant que les rebondissements improbables. Marivaux utilise des procédés similaires, mais contrairement aux feuilletonistes, il fixe lui-même le rythme de publication, et l’on sait qu’il use et abuse de cette autonomie.
La question du fractionnement de la parution doit donc être examinée en tenant compte de l’indépendance dont dispose Marivaux : il n’est pas prisonnier des contraintes de publication, et il ne l’est d’ailleurs pas davantage dans ses journaux que dans ses fictions périodiques, puisqu’il s’est d’emblée empressé, même dans Le Spectateur français, de ne pas respecter les exigences de régularité qu’il s’était lui-même imposé. Même si les onze parties de La Vie de Marianne ont paru à un rythme erratique, Marivaux a donc pu conserver la maîtrise de cette parution, comme de la construction même de son récit. Il commet bien sûr de petites négligences, et peut-être quelques oublis14. Mais il s’agit au fond de détails, et pour l’essentiel Marivaux semble voir loin lorsqu’il crée un effet d’attente à la fin d’une livraison. Ainsi, à la fin de 5ème partie, lorsqu’elle évoque les « puissances » qui se mêleront de cette affaire, Marianne renvoie à l’intervention du ministre, qui occupera la fin de la 6ème et une partie de la 7ème partie. Cet exemple le prouve, Marivaux sait où il va, et son roman est structuré, même s’il s’agit évidemment d’une structure ouverte, qui laisse beaucoup de questions irrésolues.
II. Un roman plus journalistique que les derniers journaux de Marivaux ?
Quoi qu’il en soit, par son mode de publication comme par l’utilisation des ouvertures et des conclusions de chacune des parties, La Vie de Marianne doit beaucoup au journalisme. Le plus surprenant est sans doute qu’à l’inverse, la parution de L’Indigent philosophe et du Cabinet du philosophe ne correspond guère à ce que l’on attend en principe d’un journal. Rappelons que ces deux périodiques ont été écrits et publiés à une époque où Marivaux se consacre déjà à La Vie de Marianne. Les dates sont même très proches, puisque la première feuille de l’Indigent est approuvée un mois et demi après la demande de privilège pour La Vie de Marianne15. Quant à la première feuille du Cabinet du philosophe, elle paraît en même temps que la deuxième partie de La Vie de Marianne, à la fin du mois de janvier 1734.
Or, Marivaux a très probablement rédigé chacun de ces deux journaux d’une traite, et leurs feuilles, peu nombreuses, ont été publiées au cours d’une période très resserrée. Ainsi, les sept numéros de L’Indigent philosophe ont paru entre mars et juillet 1727, et les onze livraisons du Cabinet du philosophe ont été éditées entre janvier et début avril 1734. La durée de vie de ces journaux aura donc à peine excédé quelques mois, une saison tout au plus : un printemps pour L’Indigent philosophe, un hiver pour Le Cabinet du philosophe. Au reste, les onze feuilles du Cabinet du philosophe n’ont même pas fait l’objet d’approbations séparées, comme si la censure elle-même les considérait comme un ouvrage continu plutôt que comme un périodique16. Ainsi, d’un côté Marivaux a publié deux journaux qui ont paru au cours d’une période très limitée, à un rythme régulier, et en ayant été écrits à l’avance. De l’autre, il a composé un roman inachevé dont la rédaction a occupé une quinzaine d’années de sa vie, et qui intègre constamment, au cœur du récit, des procédés journalistiques. La discontinuité, l’irrégularité, la longue durée de la publication sont donc du côté du roman, tandis que l’unité et la concentration se trouvent du côté du journalisme. Ce paradoxe est saisissant, surtout lorsque l’on sait à quel point Marivaux maîtrise l’outil journalistique puisqu’il l’a utilisé avec brio entre 1721 et 1724 en publiant Le Spectateur français.
Le statut des écrits de l’Indigent et du Philosophe est en outre très incertain au sein même de la fiction mise en place dans ces deux ouvrages. Aucun des deux auteurs fictifs auxquels Marivaux délègue la parole n’envisage en effet une publication périodique. L’Indigent ne parle jamais de journal, ni de périodique. Et s’il utilise le terme « feuille », c’est uniquement au sens de morceau de papier :
[…] je viens d’acheter quelques feuilles de papier pour me mettre par écrit, autrement dit pour monter ce que je suis, et comment je pense, et j’espère qu’on ne sera pas fâché de me connaître17.
Lorsqu’il veut désigner son entreprise elle-même, l’Indigent n’emploie que les mots « ouvrage18 » et surtout le mot « livre », qu’il utilise à cinq reprises19. Il estime même que ses réflexions formeront « un livre bien imprimé, bien relié20 », autrement dit tout le contraire d’un journal.
Par ailleurs, à l’inverse de ce qu’il fait dans les parties de La Vie de Marianne, Marivaux ne se conforme jamais dans L’Indigent philosophe aux impératifs de relance du discours propres aux publications journalistiques. C’est particulièrement vrai dans les deuxième, troisième et quatrième feuilles, qui correspondent à la très longue délégation de parole au personnage du Vagabond. Si l’unité éditoriale de la feuille était prise en compte dans la fiction, l’Indigent devrait en principe introduire lui-même les troisième et quatrième numéros, avant de laisser à nouveau la place à cette narration enchâssée. C’est d’ailleurs ainsi que procède le Spectateur français dans les longues délégations de parole à l’Espagnol21, à la dame âgée22 ou à l’Inconnu23. Et c’est évidemment ce que fait Marianne au début de la dixième et de la onzième partie. À l’inverse, la voix de l’Indigent s’efface entièrement derrière celle du Vagabond, et Marivaux ouvre donc la troisième et la quatrième feuille en revenant aussitôt, sans aucun préambule, à ce récit encadré.
Le même constat peut être formulé à propos du Cabinet du philosophe. L’« éditeur » fictif qui introduit le premier numéro ne parle pas d’un journal mais d’un « ouvrage distribué par feuilles24 ». Il affirme en outre que non seulement le Philosophe n’a pas songé à rédiger un journal, mais qu’il n’a jamais voulu être publié de son vivant :
Le défunt, pendant sa vie, n’avait rien fait imprimer ; et quoiqu’on estimât ses lumières, qu’on le sût capable de bien penser, qu’on souhaitât même qu’il mît ses pensées au jour, on ne se doutait point qu’il écrivît en secret, ni qu’il fût auteur clandestin ; il l’était pourtant. Cette cassette contenait toutes ses productions, et ce sont elles qu’on vous donne25.
Le troisième périodique de Marivaux est donc présenté comme la réunion artificielle de textes qui n’étaient pas destinés à être édités, encore moins sous la forme d’une publication périodique. En outre, ces fragments sont censés être produits de manière aléatoire, sans aucun souci de cohérence chronologique, puisque l’« éditeur » affirme qu’il se contentera de tirer « au hasard26 » les papiers appartenant au Philosophe.
Ces deux périodiques sont donc à peine des journaux du point de vue de la réalité de la publication, et ils ne le sont pas du tout d’un point de vue fictionnel. Rien d’étonnant dès lors à ce que la relation du rédacteur fictif avec son public, dont nous avons vu à quel point elle est essentielle dans La Vie de Marianne, soit très éloignée de ce que l’on attend d’un journal dans L’Indigent philosophe et dans Le Cabinet du philosophe. Ces deux énonciateurs n’ont jamais songé à avoir un public, et ces périodiques ont paru au cours d’une période très restreinte : en toute logique, Marivaux ne cherche donc pas à mettre en scène la réception fictive de ses précédentes livraisons, à l’inverse de ce qu’il fait dans Le Spectateur français mais aussi dans La Vie de Marianne.
Il existe une exception à cela, qui montre à quel point, même dans ses deux derniers périodiques, Marivaux demeure un journaliste attentif à l’actualité, et capable de réagir dans l’instant aux critiques dont il est l’objet. Il n’hésite pas en effet à modifier l’agencement du Cabinet du philosophe in extremis pour répliquer à son éternel ennemi : Desfontaines. L’auteur du Dictionnaire néologique venait en effet d’attaquer une nouvelle fois le style de Marivaux dans la trentième livraison du Pour et Contre, publié à la fin du mois de février 1734. Nous avons vu que les feuilles du Cabinet du philosophe avaient été conçues d’emblée comme un tout, et que la publication de ce journal avait commencé à la fin du mois de janvier. Mais cela n’empêche pas Marivaux d’insérer au dernier moment dans la sixième feuille deux nouveaux fragments, qui s’intitulent « Du style » et « De la critique ». Le premier de ces deux développements est une réflexion assez générale sur l’impossibilité de séparer le style et la pensée d’un auteur. Le deuxième fragment, s’il est beaucoup plus court, est aussi beaucoup plus véhément. Marivaux s’attaque cette fois directement à Desfontaines, et va jusqu’à reproduire littéralement les principaux reproches formulés dans le trentième numéro du Pour et Contre27.
III. D’évidentes similitudes : les fictions du Pour et Contre
Il n’en demeure pas moins que l’on ne retrouve pas, dans les deux derniers journaux de Marivaux, l’habileté avec laquelle il crée des effets d’attente ou de suspense dans La Vie de Marianne. Et, de manière plus générale, peu de journaux contemporains de son roman manifestent une telle maîtrise des potentialités de la publication périodique. Il en existe pourtant un, et c’est à ce parallèle que nous voudrions consacrer la dernière partie de notre exposé. Ce journal, c’est Le Pour et Contre de Prévost.
De nombreux rapprochements sont possibles entre ces deux auteurs, notamment dans la manière dont ils explorent les limites, à l’époque très incertaines, entre roman et journalisme. Comme romancier, Prévost a su jouer avec les attentes de ses lecteurs, ce qui conduira par exemple Mouhy à déclarer, après avoir lu les premières parties de Cleveland :
J’achevais de lire ce qui a paru de Cleveland et ma curiosité piquée me faisait enrager contre l’auteur, de ce qu’il me laissait ainsi en suspens. À quoi sert […] d’intéresser le lecteur, et puis de le planter là ? On ne devrait pas tolérer une pareille façon d’écrire ; elle devrait même être défendue, comme contraire à la santé28.
Comme journaliste, il utilise lui aussi massivement des procédés qui annoncent le feuilleton du siècle suivant. On le sait, une grande partie des textes insérés dans Le Pour et Contre sont des contes ou des nouvelles, rédigés par Prévost lui-même. Or, l’immense majorité de ces fictions sont livrées en plusieurs livraisons, et leurs limites ne coïncident que très exceptionnellement avec celles de la feuille périodique. Pour conserver l’attention de ses lecteurs, Prévost utilise d’une livraison à l’autre des techniques identiques à celles de Marivaux à la fin des parties de La Vie de Marianne. Souvent, il interrompt ainsi provisoirement son récit par un événement imprévu et mystérieux, qui ne sera explicité que dans le numéro suivant. Marivaux recourt à ce genre d’artifice dans La Vie de Marianne, par exemple à la fin de la deuxième partie, qui se termine au moment où quelqu’un, dont l’identité n’est pas révélée, frappe à la porte :
Elle en était là de ses leçons, dont elle ne se lassait pas, et dont une partie me scandalisait plus que ses brusqueries, quand on frappa à la porte. Nous verrons qui c’était dans la suite; c'est ici que mes aventures vont devenir nombreuses et intéressantes29.
Le lecteur n’apprendra que deux ans plus tard, en lisant la troisième partie, que c’est M. de Climal qui frappe ainsi à la porte. Dans les récits du Pour et Contre, l’attente est évidemment moins longue mais Prévost n’hésite pas à faire durer le suspense, et à laisser s’écouler plusieurs numéros avant de reprendre une fiction interrompue en pleine action. À défaut de coups sur une porte, Prévost imagine souvent, en guise de conclusion, la rencontre d’un inconnu (forcément inquiétant) ou la découverte d’un lieu nouveau (évidemment secret et étrange). À la fin du numéro 212, il livre ainsi le récit d’un homme qui explique pourquoi, par désespoir amoureux, il en a été réduit à tenter de se jeter du haut du Pont-Neuf. Il raconte ses doutes puis son inquiétude grandissante un soir où il a suivi sa femme à distance dans les rues de Paris. La feuille s’achève sur une énigme, au moment où son épouse entre dans une maison suspecte :
Quelle affaire pouvait l’appeler à onze heures de nuit sur le Quai des Orfèvres ? Je me rangeai soigneusement contre une porte pour laisser passer la chaise et marchant à quelque distance, j’arrivai sur le quai aussitôt que les porteurs. Ils s’arrêtèrent à la porte qu’on leur montra. Le Laquais introduisit sa maîtresse dans la maison et leur donna ordre de l’attendre. Je ne balançai point à m’avancer aussitôt que je l’eus vue disparaître et […] je m’engageai dans une allée obscure qui me conduisit au pied d’un escalier30.
Ces phrases ne sont cependant pas tout à fait les dernières, puisque ce paragraphe est suivi par une formule lapidaire : « La suite dans une autre feuille31 ». Prévost s’amuse donc de l’incertitude dans laquelle il laisse le lecteur, puisqu’il ne lui promet même pas de lui livrer la suite dans le prochain numéro, mais seulement dans « une feuille » indéterminée32.
Cette volonté de jouer avec les attentes des lecteurs est presque systématique dans le Pour et Contre. Comme Marivaux dans La Vie de Marianne, Prévost se fait l’écho de leurs critiques quant aux retards avec laquelle il produit la suite des fictions qu’il a commencé à livrer. Il s’en amuse par exemple à propos d’une « Relation de Sibérie » dont il vient de livrer la première partie dans la feuille 71, et qu’il interrompt soudainement :
J’interromps cette narration suivant ma méthode, pour conserver la variété que je veux toujours donner au Pour et Contre ; mais j’éviterai le reproche qu’on m’a fait assez justement, de tarder quelquefois trop longtemps à finir les pièces dont je diffère la conclusion, et je ne remettrai pas la fin de celle-ci plus loin qu’à la feuille suivante33.
Cette fois-ci, Prévost semble donner satisfaction à son lecteur, puisqu’il livre effectivement la suite de cette relation dans le numéro 72. Mais il en avait promis la fin, et cette promesse-là n’est pas tenue. Il reporte en effet à nouveau la conclusion à une autre feuille, et cette fois sine die, en annonçant simplement, avec beaucoup de légèreté, que le meilleur est à venir :
Comme c’est ici que commence le merveilleux et l’incroyable, on trouvera plus de plaisir à lire la fin de cette relation dans une autre feuille34.
Comme Marivaux, Prévost utilise donc la non correspondance entre unité narrative et unité de publication pour entretenir la curiosité du public, quitte à le décevoir et à l’irriter délibérément. Il entre sans doute une part de désinvolture dans ces interruptions brutales et dans ces promesses non tenues. On le sait, la vie de Prévost est très agitée durant les huit années où paraît son journal, ce qui peut expliquer certains oublis et certaines négligences. Mais il est indéniable que Prévost segmente la parution de ces fictions pour donner aux lecteurs l’envie d’acheter les numéros suivants. Il est en outre évident qu’à l’image de Marivaux, il est passé maître dans l’art de jouer avec les attentes de son public.
Faute d’espace, nous ne pourrons donner ici beaucoup d’exemples de cette proximité entre le journal de Prévost et le roman périodique de Marivaux. Nous nous arrêterons cependant sur un exemple en particulier, qui constitue l’une des fictions les plus célèbres du Pour et Contre. Il s’agit de l’histoire d’une jeune Italienne, Donna Maria, histoire qui a passionné le public de l’époque. Elle se distingue des autres fictions produites dans le journal de Prévost par sa longueur, sa complexité, et le nombre de livraisons qui lui sont consacrées. Elle occupe en effet tout ou partie de cinq numéros du journal, d’octobre 1733 à décembre 1734. Ce récit est présenté comme une histoire vraie glanée par Prévost en Angleterre, mais en réalité le journaliste a certainement fabriqué de toutes pièces ce récit, en ne partant que d’un événement réel, la mort à du prince Justiniani35.
Prévost consacre à cette histoire quelques pages dans le numéro 1336, puis à nouveau un court fragment dans le numéro 1737. Il ne donne dans ces deux livraisons que des informations très fragmentaires et très mystérieuses : il évoque l’arrivée à Londres d’une jeune fille « vêtue fort simplement, mais d’une beauté extraordinaire38 », dont on ne connaît au départ ni l’identité ni l’origine ni les raisons de sa venue en Angleterre. Le mystère s’épaissit même d’un numéro à l’autre, puisque Prévost nous apprend que la jeune fille a disparu, peut-être enlevée par un jeune lord anglais, mais sans que l’on sache si c’est de son plein gré. Dans la feuille suivante, Prévost commence enfin à résoudre une partie de l’énigme qu’il a très habilement créée : il nous explique que ce mylord a en réalité accompagné la jeune fille en Italie, où elle souhaite venger la mort du prince Justiniani, son amant. L’identité de cette jeune fille nous est enfin livrée, même si elle est seulement appelée Donna Maria, et son histoire commence à nous être racontée. Mais Prévost interrompt son récit sur un effet de suspense particulièrement haletant, au moment où Donna Maria se trouve sur une petite route d’Italie, seule, en pleine nuit, et menacée de viol par un jeune homme sans scrupules :
Il n’y avait en effet que le Ciel qui pût la secourir. Il veillait sur elle. Elle confesse aujourd’hui, malgré le désespoir où elle se trouve, que c’est la plus grande faveur qu’elle ait jamais reçue de sa bonté. Mais je remets à une autre feuille la fin de ce récit, qui en est la partie la plus intéressante39.
Tout est donc fait pour intéresser le lecteur au sort de cette héroïne, que l’on avait laissée (croyait-on) aux mains avides d’un lord anglais, et qui se trouve désormais prisonnière d’un jeune Italien prêt à tout pour parvenir à ses fins. Quelques semaines plus tard, Desfontaines remplace provisoirement Prévost à la tête du journal, et donne sa propre conclusion à l’histoire de Donna Maria, en multipliant les péripéties invraisemblables40. Prévost livre sa propre version un an plus tard, sans tenir aucun compte de celle de Desfontaines. Dans le numéro 65, il commence par récapituler ce qu’il a déjà raconté, puis il évoque l’intérêt soutenu manifesté par le public pour cette aventure, et les demandes des lecteurs d’en connaître la suite. Dans cette feuille, puis dans le numéro 69, il achève enfin l’histoire de Donna Maria, en évoquant le sort tragique de son amant, le prince Justiniani, et en laissant à son héroïne un destin ouvert. Il annonce qu’il se réserve la possibilité de donner une suite à ce récit, mais il ne fera pas et dans l’ensemble cette fiction représente un ensemble clos, qui se suffit à lui-même.
Il entre donc dans cette longue narration un mélange de désinvolture et de construction concertée : Prévost produit une histoire complexe et pleine de rebondissements, mais qui conserve jusqu’au bout une relative cohérence. Pourtant, les dernières pages sont rapidement expédiées, et toute la fin du récit est presque escamotée. L’intérêt de cette fiction, et la raison du plaisir que le lecteur prend à sa lecture, réside moins dans cette conclusion que dans les énigmes qui jalonnent ce récit, et dont la résolution s’avère finalement quelque peu décevante.
Mon intention n’est évidemment pas de mettre sur le même plan l’histoire de Donna Maria et La Vie de Marianne : le récit de Prévost demeure beaucoup plus bref et beaucoup plus superficiel que le roman de Marivaux. En outre, comme toujours, l’auteur du Pour et Contre jalonne son récit d’événements innombrables, là où le talent de Marivaux consiste à rendre spectaculaire l’infime. Mais l’on ne peut qu’être frappé par la manière assez similaire dont ces deux auteurs utilisent la publication fractionnée : création d’énigmes, rebondissements in extremis, effets de suspense, récapitulations, allusions à la réception du public… Tous les deux voient dans la périodicité non une gêne, mais un moyen de relancer en permanence l’attention du lecteur.
La Vie de Marianne n’est donc pas une « fiction périodique » parmi d’autres : bien plus que Le Paysan parvenu, ce roman constitue ce que l’on pourrait nommer un « roman journalistique ». Dans les passages qui ouvrent et clôturent les onze parties de La Vie de Marianne, il ne cherche pas à gommer la périodicité, mais au contraire à la mettre en scène. Il rejoint en cela les procédés utilisés par Prévost dans le Pour et Contre : Jean Sgard a parlé d’« effet-journal41 » à propos de la manière dont Prévost attire volontairement l’attention du lecteur sur les bornes de la feuille et sur les contraintes de la publication périodique. On peut affirmer, de la même manière, que Marivaux applique dans La Vie de Marianne des effets journalistiques bien plus qu’il ne le fait dans ses deux derniers journaux.
Tous deux annoncent donc la manière dont la fiction romanesque et le journal seront associés au siècle suivant, dans le cadre du roman-feuilleton. Mais, nous l’avons dit, le feuilleton sera un espace normé, fermé et rigide. Prévost et Marivaux écrivent à une époque où les rapports entre journalisme et littérature sont encore très incertains, et où toutes les expérimentations sont par conséquent possibles. Ils ont joué tous les deux un rôle de pionniers, et ils ouvrent la voie à cette « civilisation du journal »42 qui s’imposera au siècle suivant. Mais dans cette période de balbutiements où se trouve la presse au XVIIIe siècle, ils disposent encore de ce que tous les feuilletonistes auront perdu : la liberté.
Alexis Lévrier
Université de Reims, Crimel (EA 3311)
Notes
Les Journaux de Marivaux. Itinéraire moral et accomplissement esthétique, Lille, Atelier de reproduction des thèses, Paris, Honoré Champion, 1974, t. I, p. 2.
Voir Françoise Weil, L’Interdiction du roman et la librairie, 1728-1750, Paris, Aux Amateurs de livres, 1986, p. 45-48.
Voir notamment son article « Le clou de Tchekhov. Retours sur le principe de causalité régressive », La Partie et le tout : la composition du roman, de l'âge baroque au tournant des Lumières, Marc Escola, Jan Herman et Lucia Omacini (dir.), Bruxelles, Peeters, 2011, p. 117.
« Avis de tempête et préavis romanesques. Les scènes d’embarquement dans Cleveland », Lectures de Cleveland, Peeters, 2010, p. 59.
Marivaux, La Vie de Marianne, éd. Jean-Marie Goulemot, Paris, Le Livre de Poche, 2007, p. 56.
Crébillon, Claude-Prosper Jolyot de, Les Égarements du cœur et de l’esprit, éd. Étiemble, Paris, Gallimard, « Folio classique », p. 45.
Pour Georges May, l’opportunisme de certains romanciers périodiques, qui avaient intérêt à faire durer la publication de leurs œuvres et même à les laisser inachevées, a peut-être contribué à la proscription du genre romanesque en 1737. (Georges May, Le Dilemme du roman au XVIIIe siècle : étude sur les rapports du roman et de la critique (1715-1761), New Haven, Paris, Presses universitaires de France, 1963, p. 89.)
La 1ère paraît en juin 1731, la 2ème en janvier 1734, soit deux ans et demi plus tard, la 3ème en novembre 1735, soit presque deux ans plus tard. L’échelonnement de la parution se resserre ensuite, puisque 5 parties sont publiées en moins de deux ans : la 4ème est éditée en mars 1736, la 5ème en septembre, la 6ème en novembre, la 7ème en février 1737, et la 8ème en décembre de la même année. Mais l’irrégularité reprend finalement le dessus, puisqu’une interruption de 4 ans précède la livraison des 3 dernières parties au début de l’année 1742.
La Vie de Marianne, éd. cit., p. 108.
Ibid., p. 452-453.
Ibid., p. 678.
Ibid., p. 342.
Ibid. Nous soulignons.
Rappelons par exemple que le nom Villot est utilisé à la fois pour désigner le jeune bourgeois sans envergure que l’on voudrait faire épouser à Marianne, et le couple de fermiers qui recueille Tervire.
Une demande de privilège pour La Vie de Marianne ou les Aventures de Mme la Comtesse de *** est faite le 2 février 1727. La première feuille de L’Indigent philosophe est approuvée le 19 mars, et le permis d’imprimer est enregistré le 1er avril.
Marivaux a reçu une approbation pour Le Cabinet du philosophe en septembre 1733, et un privilège pour un « ouvrage » portant ce nom le 1er novembre. Contrairement à la pratique en vigueur pour les périodiques, il n’aura pas besoin de solliciter une approbation pour chacune des feuilles du journal.
Journaux et œuvres diverses, éd. F. Deloffre et M. Gilot, Paris, Classiques Garnier, 1969, remise à jour en 1988, p. 276.
Ibid., sixième feuille, p. 310.
Ibid., p. 276 (deux occurrences), p. 311, p. 312 et p. 316.
Ibid., p. 276.
Le « Journal espagnol » occupe les 15ème et 16ème feuilles du Spectateur français.
L’histoire de la dame âgée occupe 3 numéros consécutifs (les 17ème, 18ème et 19ème feuilles).
Le manuscrit attribué à un lecteur inconnu est livré dans les 21ème, 22ème, 24ème et 25ème feuilles du journal.
Ibid., p. 336.
Ibid., p. 335.
Ibid., p. 337.
Desfontaines avait par exemple écrit : « Il est étonnant qu’après le dégoût que le public a marqué pour cette façon d’écrire très ridicule (il faut le dire hautement), on y revienne encore. Heureusement l’exemple n’est plus contagieux. » Marivaux reprend à l’identique certains des termes mêmes utilisés par son détracteur : « Je lus l’autre jour ces mots dans je ne sais quel livre où l’on parlait d’un auteur : Son style est ridicule, il faut le dire hautement. » (Ibid., p. 389.) Selon Michel Gilot, la 6ème feuille a probablement été mise en vente le 6 mars, soit quelques jours à peine après la publication du 30ème numéro du Pour et Contre (Les Journaux de Marivaux. Itinéraire moral et accomplissement esthétique, op. cit., t. I, p. 1071-1072).
Mouhy, Charles de Fieux, chevalier de, Mémoires posthumes du comte de D... B... avant son retour à Dieu, fondé sur l’expérience des vanités humaines, « Préface », Paris, 1735, p. X-XI.
La Vie de Marianne, éd. cit., p. 162-163.
Le Pour et contre. Ouvrage périodique d'un goût nouveau, Paris, Didot, t. XV, 1738, p. 119-120.
Ibid., p. 120.
Toutefois, en l’occurrence, le suspense ne durera guère, puisque Prévost livre la conclusion de cette histoire dès la fin du numéro suivant (ibid., p. 139-144).
Le Pour et Contre, éd. cit., t. V, 1734, p. 249.
Ibid., p. 286. La fin de cette relation est livrée dans le numéro 74.
Celui-ci a été tué à Rome le 22 septembre 1733.
Le Pour et Contre, éd. cit., t. I, 1733, p. 293-297.
Ibid., t. II, 1733, p. 38-39.
Ibid., t. I, p. 293.
Ibid., t. II, p. 60.
Ibid., N° 23, p.
« Le Pour et Contre feuille à feuille », Matière et esprit du journal, du Mercure galant à Twitter, Alexis Lévrier et Adeline Wrona (dir.), Paris, PUPS, collection « Histoire de l’imprimé », 2013, p. 79-92..
Voir l’ouvrage de Dominique Kalifa, Philippe Régnier et Marie-Ève Thérenty : La Civilisation du journal : histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, Nouveau Monde Éd., 2011.
Table des matières
Sommaire
Entre cour et jardin : le romanesque de Marivaux
Désordres de la parole : Marivaux entre roman et théâtre
Le corps de la coquette : une automate inquiète
Marianne : échange, confiance, contrat
Questions et questionnements de Marianne à Silvia – La modalité interrogative dans l’œuvre de Marivaux
Romans périodiques et ouvrages journalistiques : Marivaux aux frontières des genres
Le roman et son double : délégation romanesque et composition échelonnée dans La Vie de Marianne
Visage, figure, caractère : scénographies de La Vie de Marianne
Les figures dans La Vie de Marianne : spectacle, illustration, imagination
« il faut que je répète les mots » : les fonctions de la répétition dans La Vie de Marianne
Stupeur, rougeur et tremblements de l'héroïne dans La Vie de Marianne
Sens et connaissance : influences empiristes chez Marivaux
A la recherche du « Monde vrai » : vrais et faux dévots dans La Vie de Marianne
La Vie de Marianne et le pacte de lecture
La coquetterie chez Marivaux ou « l’indécision de la vie »
La réticence marivaudienne
La reconnaissance dans La Vie de Marianne : transfert du procédé théâtral ou invention d’un modèle romanesque ?